Des indicateurs positifs pour l’économie allemande.

4 min read

L’Allemagne a publié une série d’indicateurs positifs ces derniers jours concernant l’économie allemande. Les milieux d’affaires se gardent pourtant de toute euphorie

C’est en apparence un concert de bonnes nouvelles… L’économie est en croissance, le chômage au plus bas, les salaires augmentent, la dette publique diminue, les réfugiés tirent la demande vers le haut et le solde de la balance commerciale reste positif. En clair, 2016 s’annonce plutôt comme une bonne année pour l’Allemagne, si on en croit l’avalanche de chiffres publiée cette semaine. Même si prudence reste de mise tant sont instables les données concernant la zone euro et les pays en voie de développement, Chine et Inde en tête, tous gros clients de l’industrie germanique.

L’institut Ifo de Munich, traditionnellement plus sceptique que ses confrères, a revu mercredi ses prévisions pour 2015 à la baisse, à 1,7% au lieu de 1,9% en juin. Mais pour 2016, les Munichois tablent désormais sur +1,9% de croissance au lieu de +1,8% au printemps et +1,7% en 2017. «La reprise modeste de l’économie allemande se poursuit, a précisé Hans-Werner Sinn, le patron de l’Ifo. La consommation des ménages continue à soutenir cette reprise, étant donné que les perspectives des revenus des ménages sont bonnes au vu de l’amélioration du marché du travail.»

Cadre favorable pour l’Allemagne

Les 20 milliards d’euros que l’Etat devra dépenser en 2016 pour faire face à l’arrivée de centaines de milliers de réfugiés «se retrouvent entièrement dans la demande intérieure», souligne Hans-Werner Sinn. La crise des migrants aura ainsi «pour deux ou trois ans un effet temporaire positif sur la croissance.» «Migrants, faible coût du pétrole, taux d’intérêt bas… Le cadre est particulièrement favorable pour l’économie allemande», estime le chef du département conjoncture de l’Ifo, Timo Wollmershäuser.

Début décembre, l’Office pour l’emploi a présenté les meilleurs chiffres du chômage enregistrés par le pays depuis 1990, avec un taux de chômage de 6,3% en novembre, et 13000 demandeurs d’emploi de moins que fin octobre, à 2,77 millions de personnes. Par ailleurs, en octobre, la production industrielle a redémarré, après deux mois de recul, selon des résultats publiés par l’Office des statistiques Destatis mardi. Ce chiffre confirme le léger mieux de l’industrie allemande, déjà dessiné par la reprise des commandes industrielles qui ont augmenté de 1,8% en octobre. «Ce n’est pas mirobolant, mais il était important que la tendance négative des mois précédents soit interrompue et de commencer le quatrième trimestre avec une évolution positive», estime Stefan Kipar, économiste de Bayern LB.

Enfin, le faible niveau de l’euro et les frémissements de la reprise économique en Europe permettront à l’Allemagne de réaliser de nouveau cette année un excédent commercial record, selon les prévisions de la fédération des entreprises exportatrices BGA. Certes, les exportations ont été moins dynamiques en octobre, mais les importations ayant encore plus reculé par rapport à septembre, l’excédent commercial du pays a augmenté à 20,7 milliards d’euros.

Pourtant, les milieux d’affaires se gardent de toute euphorie. Les sondages menés mois par mois par l’Ifo auprès des patrons font même état de moral en berne. Les patrons s’inquiètent des difficultés de leurs clients traditionnels Chine, Inde, ou France, qui passera cette année pour la première fois depuis la Réunification au second rang derrière les Etats Unis au classement des plus importants partenaires commerciaux de l’Allemagne.

Des signes de surchauffe se font sentir, soulignés par un rapport de la Bundesbank, mettant en garde contre une augmentation de la demande plus rapide que celle des capacités de production. Les risques sont un déficit accru en personnel qualifié, l’apparition de bulles spéculatives sur les marchés des capitaux et une hausse du niveau de l’inflation.

Selon l’institut de Kiel, cette surchauffe serait déjà plus avancée que ce que les chiffres ne laissent penser, du fait du retard de publication des résultats de pans importants de l’économie tels que le bâtiment ou le commerce de détail. Carsten-Patrick Meier, de l’institut de Kiel, estime ainsi que la croissance allemande pourrait atteindre 2,7% en 2016.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.