Les dérives du plan Halieutis

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Dans les villes comme dans les campagnes, le poisson monte au ciel. Les petites bourses n’ont plus accès à cette denrée, de plus en plus rare. Et pourtant, on ne cesse de crier sur les toits que les larges du pays sont bourrés de ressources. Les petits ménages en pâtissent et s’interrogent sur les raisons de la flambée. Les lobbys des captures ont-ils déversé leurs méduses envenimées?  L’Union Européenne, serait-elle pour quelque chose, dans cette indigence effroyable ?

Lors de sa mise en application, il y a quelques années, le plan Halieutis avait promis l’approvisionnement du marché interne. Comme toute réforme ambitieuse à son état embryonnaire, celle des pêches maritimes, toutes catégories confondues, aurait-elle traversé des moments de vaches maigres pour sortir de l’auberge ? Conscients des enjeux majeurs de ce domaine névralgique, au regard de la récession économique mondiale et de la compétitivité de  plus en plus ardue, les intervenants du secteur se devront de s’y mettre à bâtons rompus dans la synergie, afin d’accoster, à l’abri de la tempête tumultueuse. Considérées comme un pilier nodale de l’économie nationale, les pêches maritimes aussi bien côtière qu’hauturière ou encore artisanale, assurent, en effet, plus de 55% des exportations agroalimentaires et près de 15% des produits exportés, avec un volume d’investissements de plus de 55 milliards de dirhams et un taux d’opportunités d’emplois de plus de 500 000 postes.

Cependant, en dépit de tous ces indicateurs probants, relevant de ce volet économique vital aux tout premiers plans en termes de décollage et de produit brut(3%), des dysfonctionnements et des contraintes continuent à le tirer vers le bas. Outre la dégradation des atouts portuaires et infrastructurels, la cherté des carburants atteignant des seuils asphyxiants des frais de production, demeure une épée de Damoclès qui hante les opérateurs, déjà en  difficulté devant le surnombre de la flottille et la pénurie du poisson. D’autre part, malgré le redéploiement des efforts au niveau de la commercialisation, le déficit enregistré reste grandissant, d’autant plus que les ressources se détériorent affreusement. En face de toutes ces entraves, une stratégie de réforme multisectorielle s’est imposée, en concertation avec les acteurs du domaine, quoique nombre de professionnels estime avoir été marginalisé lors de toutes les consultations préparatoires du plan national. Elle s’articule autour de trois axes essentiels ; durabilité, performance et compétitivité.

Le nouveau programme s’est attelé, au fait, sur le renforcement de l’échange entre les multiples composantes du secteur, à partir de ces fondements d’action de base. L’initiative de réforme relève d’une volonté et d’une conviction incontestables sur lesquelles reposent les aspirations et les attentes des professionnels. Ces réformes sont donc appelées à préserver les ressources halieutiques, rehausser les rendements et les investissements, garantir et valoriser la main
d’œuvre…

L’encouragement et le soutien des intervenants dans le secteur est une priorité impérieuse en vue d’atténuer les supplices des engrenages dans lesquelles ils s‘engouffrent vis-à-vis des banques et des fournisseurs. De gros problèmes de ce genre menacent ces professionnels d’arrêt de service ou de survivance misérable, surtout que la concurrence  est de plus en plus féroce avec les opérateurs latino américains, asiatiques ou encore européens qui bénéficient des avantages substantiels de leurs Etats respectifs. Pendant ce temps, les familles les plus démunies trouvent toutes les peines du monde de s’alimenter en ration poissonnière suffisante, compte tenu des qualités nutritives du poisson, de plus en plus raréfié dans les marchés de la ville.

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