Musique et ambiance marocaines s’invitent dans la campagne électorale à Bruxelles

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A l’approche du triple scrutin (fédéral, régional et européen) prévu le 26 mai courant, la campagne électorale en Belgique bat son plein.

Pour cette législature, certains partis politiques ont présenté beaucoup de candidats marocains, notamment à Bruxelles, compte tenu du poids de la communauté dans la capitale belge aussi bien sur le plan démographique, que celui de leur intégration dans le tissu socio-économique.

Pour Nicolas Baygert, professeur de sciences politiques à l’Université libre de Bruxelles, «le multiculturalisme fait partie de l’ADN bruxellois. En ce sens, il est tout à fait logique de voir des candidats issus de la diversité prendre place sur les listes électorales», faisant remarquer que les résultats des dernières communales d’octobre 2018, témoignent d’une réelle solidarité communautaire.

La tendance à présenter ces candidats dits de «la diversité» est fort présente chez les partis francophones de gauche et les verts à Bruxelles, un peu moins en Wallonie. Elle est moyenne chez les socialistes flamands et les chrétiens démocrates en Flandre dans le nord du pays, tandis qu’elle est moins visible, voire absente chez les libéraux et la droite.

Pour ces candidats, qui sont source d’enrichissement et de diversité culturelle dans la société belge, l’enjeu de la participation est important dans un contexte marqué par le replis identitaire, la montée du nationalisme et le rejet de « l’étranger », d’autant plus que les centres de décision en Belgique sont multiples et leurs structures sont complexes. Il y’a d’abord le Parlement fédéral, composé de la Chambre des représentants (150 députés) et du Sénat (50 sénateurs), le Parlement de la région Bruxelles-Capitale (72 députés francophones, 17 néerlandophones), le Parlement wallon (75 députés), le Parlement flamand (124 députés), le Parlement de la Communauté germanophone (25 députés), le Parlement de la Communauté Française (94 députés), sans compter les 21 eurodéputés qui vont représenter la Belgique au Parlement européen.

Il s’agit pour les candidats marocains de marquer leur présence et de se battre pour une société plus ouverte, plus équitable et pour l’égalité des chances dans l’emploi et dans l’intégration sociale.

Dans leur quête de recueillir un maximum de voix allochtones, ces candidats ne lésinent pas sur les moyens pour être au plus proche des attentes de leurs électeurs. Dans leurs meetings électoraux ou lors de leur procession dans les marchés hebdomadaires, certains font appel aux services de troupes marocaines de Dakka Marrakchia ou de Reggada pour s’attirer les faveurs de leurs compatriotes électeurs. Avec l’avènement du mois de Ramadan, d’autres candidats invitent ou se font inviter à des Iftars, mais sans pour autant heurter l’éthique et les règles de probité qui régissent le déroulement de la campagne.

En optant pour cette « identité sonore », les candidats belgo-marocains impriment ainsi leur style et expriment cette volonté, voire ce besoin d’adhérer aux valeurs et traditions de leurs électeurs en leur signifiant, dans une ambiance festive et en toute solidarité, qu’un des leurs se présente et qu’il a besoin de leur soutien.

« Les fils d’immigrés doivent être plus présents dans différentes positions politiques qui leur permettent de faire valoir leurs droits et ceux de leurs compatriotes », confie à la MAP Khalid, un jeune candidat belgo-marocain aux élections régionales. Son combat : défendre une plus grande représentativité de la diaspora marocaine au sein des partis politiques belges et pour cela il en appelle à « une certaine solidarité » des candidats issus de l’immigration pour avoir un poids politique important dans les instances représentatives du pays peu importe leur couleur politique.

Pour cet entrepreneur, qui a choisi de «servir autrement» et qui se présente pour la première fois avec un parti de gauche à Bruxelles, les politiciens doivent aujourd’hui construire des liens avec leurs compatriotes issus de l’immigration afin de mettre à l’agenda politique l’égalité des chances, la diversité, le rejet de la discrimination et de l’indifférence.

Sa recette pour réussir : aller à la rencontrer de l’électeur et le convaincre de ses idées, de son projet de société car, pour lui, tout électeur choisit de voter pour le candidat avec lequel il ressent une certaine proximité affective.

Son rêve c’est d’être comme ces acteurs politiques d’origine marocaine qui occupent des positions importantes dans différentes structures institutionnelles du pays. L’on citera à titre d’exemple, Zakia El Khattabi, présidente du parti politique écologiste francophone (ECOLO), Ahmed Laaouej, président du groupe parlementaire socialiste à la Chambre des Représentants et bourgmestre (maire) de la commune bruxelloise de Koekelberg, Meryame Kitir, présidente du groupe socialiste flamand (SPA) à la Chambre des Représentants, Fouad Ahidar, vice-président du Parlement de Bruxelles-capitale, Mohamed Ridouani, bourgmestre de la ville de Louvain, Rachid Madrane, ministre de l’Aide à la Jeunesse, des Maisons de Justice, des Sports et de la Promotion de Bruxelles à la Fédération Wallonie-Bruxelles ou encore Fadela Laanan, ministre-présidente du Collège de la Commission communautaire française (COCOF). Des centaines d’autres Marocains exercent également des mandats de députés fédéraux, régionaux ou de conseillers communaux.

Beaucoup d’entre eux seront, le 26 mai, au cœur d’une bataille électorale aux enjeux multiples avec un bilan d’un gouvernement fédéral sortant qui a mis la question de la migration au centre de ses préoccupations. C’est d’ailleurs la question migratoire, qui a été le point de discorde ayant précipité la chute du gouvernement sortant, dirigé par le libéral Charles Michel.

Quant aux électeurs d’origine marocaine, ils veulent que cette ambiance festive qui a marqué la campagne de leurs compatriotes, les engagements et les promesses de ces derniers soient en ligne avec leurs attentes et leurs priorités.

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