« Panama Papers »: nouveaux rebondissements, la communauté internationale veut agir

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Par Fabien ZAMORA

et Antonio RODRIGUEZ (AFP)

Perquisition menée au siège de l’UEFA,  démission à la FIFA: au lendemain du départ du Premier ministre islandais, les  rebondissements se poursuivaient mercredi dans l’affaire des « Panama Papers »  alors que les grands pays affichent leur volonté de combattre l’opacité fiscale  et de mettre au pas le Panama.
Au milieu du déballage des pratiques financières de tout un éventail de  dirigeants, entrepreneurs, sportifs, banques, criminels dont peut-être des  barons de la drogue qui utilisent les services du cabinet d’avocats panaméen  Mossack Fonseca pour créer des sociétés offshore, la justice mène l’enquête.
En Suisse, la police fédérale a perquisitionné le siège de l’UEFA à Nyon  pour obtenir les contrats concernant l’attribution des droits TV en Equateur à  la société Cross Trading, citée dans ce vaste scandale de placements dans des  paradis fiscaux révélé dimanche. Et le nom du nouveau président de la FIFA,  Gianni Infantino, apparaît aussi.
Dans la journée, c’est l’Uruguayen Juan Pedro Damiani qui a démissionné de  la commission d’éthique de la Fifa, lui aussi cité dans les « Panama papers » qui  ont déjà couté son poste mardi au Premier ministre islandais David Sigmundur  Gunnlaugsson.
Ces révélations ont fait souffler un vent de transparence, d’autant que les  Etats-Unis, première économie mondiale, sont en train de combattre de leur côté  l’optimisation fiscale des entreprises. Au point qu’une méga-fusion à 160  milliards de dollars dans le secteur pharmaceutique, entre Pfizer, le fabricant  du Viagra, et Allergan, celui du Botox, a été abandonnée mercredi.
« La question de l’évasion fiscale est un énorme problème », avait affirmé  mardi le président américain Barack Obama, en réclamant un durcissement des  législations en vigueur et un renforcement de la coopération internationale.
En Europe, le commissaire européen chargé des Affaires économiques, Pierre  Moscovici, a souligné mercredi « l’urgence » pour l’UE d’élaborer une « liste  noire » unique de paradis fiscaux sur la base de critères communs aux 28 Etats  membres.
« Que ce soit au G20 ou dans le cadre de l’OCDE, la France va faire en sorte  que la coopération internationale soit renforcée », avait aussi assuré le  président français François Hollande.
Dès la semaine prochaine à Washington, à l’occasion des assemblées de  printemps du FMI et de la Banque mondiale, les ministres des Finances des pays  les plus puissants du monde vont aborder les questions soulevées par ces  révélations lors d’un G20 Finances.
En attendant, la France a décidé mardi de réinscrire le pays  latino-américain sur sa liste des paradis fiscaux, et demande à l’OCDE, le  groupe des pays avancés qui pilote la lutte contre l’optimisation fiscale au  niveau mondial, de lui emboîter le pas.
« Il est très important que nous exploitions cette opportunité pour faire  pression sur le Panama », qu’il cède et ne soit plus à contre-courant de la  tendance mondiale qui tend à davantage de transparence fiscale, a déclaré mardi  soir à Berlin le Secrétaire général de l’OCDE Angel Gurria.
Les représentants des services fiscaux des pays de l’OCDE ont prévu de se  réunir d’urgence pour parler du Panama.

Contre-attaque

Mais le pays latino-américain ne semble pas disposé à changer sa politique  alors que la plupart des personnes éclaboussées par les révélations distillées  depuis dimanche par les membres du Consortium international des journalistes  d’investigation (ICIJ) se défendent en disant respecter la loi.
Le gouvernement panaméen riposte en s’en prenant à l’OCDE et à la France:  « de toute évidence, (vous) utilisez l’information émanant du récent rapport  diffusé par les médias internationaux pour déformer les faits et ternir la  réputation du pays », a dénoncé le vice-ministre des Affaires étrangères, Luis  Miguel Hincapié, dans un courrier à l’OCDE vu par l’AFP.
Le Panama accuse le chef de l’OCDE d’avoir pour dessein « de contraindre à  l’adoption de la norme de l’OCDE pour l’échange automatique d’informations »  fiscales, le nouveau standard mondial récemment mis en oeuvre par presque tous  les pays.
La France est aussi menacée: « au Panama, il existe une loi qui prévoit des  mesures de rétorsion contre les pays qui inclueraient le Panama sur les listes  grises », a averti devant la presse le directeur de cabinet de la présidence,  Alvaro Aleman.
L’Algérie a également choisi la contre-attaque: elle a convoqué  l’ambassadeur de France pour dénoncer « une campagne hostile » en France contre  son ministre de l’Industrie algérien Abdesselam Bouchouareb, cité par le  journal Le Monde pour avoir détenu une société de gestion immobilière établie  au Panama.
En Tunisie, un homme politique a lui porté plainte mercredi pour  « diffamation » contre un média local.
Selon les « Panama Papers », plus de 500 banques ont aidé leurs clients à  gérer des sociétés offshore, avec pour certaines, une évasion fiscale à la clef.

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