Face à la MAP : Trois questions à Salaheddine Mezouar
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Salaheddine Mezouar, candidat à la présidence de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), répond aux questions de l’Agence marocaine de presse dans le cadre de son nouveau concept “Face à la MAP”.
Quels sont vos principaux arguments pour défendre votre candidature à la présidence de la CGEM?
Ma candidature est venue après une mure réflexion et une analyse tant du contexte dans lequel se trouve l’économie marocaine d’une manière générale, que de l’état d’esprit du secteur privé, des défis et des enjeux qui sont les nôtres, et aussi des opportunités dont regorge notre pays. Tout cela m’a poussé à dire que nous sommes peut-être dans un contexte d’inflexion du modèle de développement économique et social qui exige un recentrage et une mobilisation du secteur privé. Je me suis dis c’est peut-être utile compte tenu de mon vécu et de mon expérience en tant que homme d’entreprise, associatif et en tant qu’acteur politique de présenter ma candidature à la présidence de la CGEM.
Toute cette accumulation d’expériences et de connaissances peut être utile dans cette phase charnière où l’on doit avoir un secteur privé fort, engagé, responsable et éthique pour accompagner cette nouvelle dynamique dans laquelle le Maroc devra s’engager.
Je suis intimement convaincu que ce nouveau modèle ne puisse fonctionner indépendamment d’une implication forte des acteurs privés et des entreprises et sans saisir les multiples opportunités offertes que ce soit dans le cadre de la régionalisation, de la nouvelle économie ou aux niveaux continental et international.
Partant de ces convictions, je me suis dis pourquoi pas ne pas s’engager. Je pense être utile pour mon pays et pour un secteur privé nécessaire pour la dynamique de la croissance et de l’emploi.
Aussi, je pense que vivre cette inflexion, apporter ma modeste expérience et mon vécu dans le cadre de cette inflexion peut être utile à une organisation respectable comme la CGEM qui a une histoire et qui peut avancer la main dans la main avec les acteurs publics et sociaux pour réussir ce nouveau défi auquel nous allons nous atteler ensemble.
Quel regard portez-vous sur la CGEM, son rôle et son mode de gouvernance ?
La CGEM est une organisation qui a 70 ans d’histoire, donc c’est une institution ancrée dans notre histoire mais aussi dans notre paysage. Elle rassemble l’essentiel des acteurs privés dans notre pays, tous secteurs confondus, à travers les fédérations, les régions. C’est une organisation qui a su évoluer et s’adapter à son contexte et aux défis qui étaient les nôtres.
Aujourd’hui, il s’agit d’aller encore plus loin. Cette organisation doit devenir le porte-voix d’une composante essentielle de notre tissu économique, le porte-voix également de valeurs, le porte-voix d’une dynamique, et le porte-voix de l’économie dans notre pays.
Naturellement, il faut renforcer et consolider son rôle, mais surtout assurer qu’elle ait des ramifications suffisamment représentatives au niveau des régions. Car on est en train de nous engager dans le développement territorial, avec des plans de développement régionaux. En plus d’acteurs élus, ou publics, qui sont au niveau territorial, il faut un secteur privé suffisamment dynamique, et suffisamment engagé, qui prend aussi des risques et qui avance, pour pouvoir permettre à ces plans de développement régionaux d’atteindre leurs objectifs.
Que pensez vous de la campagne de boycott de certains produits lancée sur les réseaux sociaux ?
En tant que candidat à la présidence de la CGEM, on s’est abstenu de prendre position sur cette question parce que d’abord c’est une affaire de politiques, du gouvernement, du parlement et des institutions. Le Conseil de la concurrence est fortement interpellé car son rôle est de réguler le marché. Quand le marché est livré à lui-même, il y a toujours des risques d’interprétations qui peuvent aller au-delà des réalités. C’est pour cela qu’on a insisté sur le fait que ceux qui doivent assumer leurs responsabilités dans cette affaire sont les institutions.
Maintenant, la CGEM en tant qu’organisation patronale doit avoir une position claire. Quand nous serons aux commandes, on fera en sorte qu’il y est une position claire par rapport à ce sujet.
Il faut aussi être vigilant, car des fois la passion dépasse la raison. Il ne faut pas oublier dans tout cela que la raison doit prévaloir et des gens doivent véhiculer aussi la raison. Le fait de cibler certaines entreprises en particulier soulève également des interrogations d’autant plus que le consommateur est libre et que l’offre des produits visés par le boycott est diversifiée.
Le consommateur est libre de ses choix, il peut acheter ou non le produit qu’il veut, mais il faut garder la raison et ne pas tomber dans la passion excessive ni dans des risques de dérapages qui peuvent nuire tant aux entreprises qu’à notre économie et à nos concitoyens.
Évitons d’aller trop loin dans cette forme d’expression. On respecte notre société et c’est comme cela qu’elle évolue, mais en même temps il faut faire attention. On peut passer un message mais en même temps il faut s’assurer que les institutions fonctionnent. Le conseil de la concurrence doit être réactivé pour cela, parce que c’est lui qui est capable de porter le message et de dire si le marché fonctionne normalement ou pas. Le rôle du Conseil de la concurrence est fondamental car dans un marché ouvert, il faut un gendarme qui veille à ce que la régulation se fasse dans de bonnes conditions.