Abdelfettah Karmane, artiste-peintre: L’illusionniste qui donne vie aux couleurs

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Par: Mohamed Amine Harmach-MAP

Le regard de l’artiste-peintre Abdelfettah Karmane est particulier. Ses yeux semblent avoir été suradaptés à son métier. Contempler, observer, fixer, soupeser les pigments, filtrer la lumière, les ombres et les couleurs…C’est ce qui précède sa rencontre avec la toile vierge et ce qui anime chaque geste consciencieux qui compose son tableau.

Et pour cause, cet artiste dont les œuvres sont étiquetées hyper réalistes est guidé par une soif absolue de précision et de perfection, quitte à passer six mois sur une seule et même création.

En véritable illusionniste, Karmane livre des toiles qui, à l’œil nu, se confondent facilement avec un cliché photographique. En attestent celles intitulées le « Samovar » et « La botte d’oignon » pour lesquelles il a reçu, respectivement deux années de suite (2016 et 2017), le Prix international des galeries (Médaille d’or) décerné par Mondial Art Academia, catégorie « Peinture figurative ».

Ces natures mortes, chères à Karmane au même titre que les portraits, sont accompagnées d’objets relevant du patrimoine marocain, entre autres témoins d’une histoire dont l’artiste cherche à en saisir l’empreinte et la beauté.

Tout un récit, toute une symbolique visible à qui laisse voguer son imaginaire dans l’univers de l’Homme. Mais l’œil profane fera difficilement la distinction dans les œuvres de Karmane entre une peinture à l’huile et une peinture à l’aquarelle, tellement le résultat final d’immortaliser une authenticité est ce qui compte pour Karmane. Du haut de ses 49 ans, Karmane est un artiste accompli reconnu par ses pairs. Sa consécration est le fruit d’un travail de tous les instants pour maîtriser son art, mais aussi pour s’imposer dans le milieu (marché) artistique marocain. Né à Sidi Slimane, il dessine beaucoup sur papier quand il était enfant et couvre les murs de sa maison de peintures encouragé par sa mère. Il s’initie ainsi en autodidacte à l’art pictural, mais aussi à la musique, notamment au luth, dont il est, semble-t-il, un virtuose, lui qui fabriquait lui-même ses propres instruments.

Le premier tableau qu’il expose, alors âgé de 14 ans dans sa ville natale, n’est autre qu’une reproduction d’un portrait qu’il admirait accroché dans la maison où il grandit.

En discutant avec lui autour de son parcours, l’artiste évoque longuement tous ceux qui l’ont encouragé tout au long de sa carrière : De son père militaire, ses professeurs qui décèlent tôt ses talents aussi bien au collège qu’à l’école des arts plastiques de Rabat dont il est lauréat, jusqu’au premier galeriste de Rabat qui lui fera confiance, notamment l’artiste français Albert Pilot. Ce dernier le sortira des griffes des intermédiaires à qui il vendait ses tableaux pour pas cher. Il cite aussi diverses connaissances qui lui ont ouvert des portes, mais aussi des collègues qui méritent la lumière, notamment l’artiste-peintre Omar Chennai qui a également obtenu pour 2017 le Prix International des Galeries pour le genre « Peinture Figuration moderne ». Il est comme cela Karman, reconnaissant envers ceux qui l’ont soutenu et entier dans son art. Depuis plus de 34 ans, il peint chaque jour jusqu’à en sortir avec des séquelles. En témoignent ses vertèbres, ses articulations, son cœur, tellement il s’est penché sur son chevalet, tellement il a tendu ses mains pour peindre minutieusement, concentré ses pupilles et enchaîné les nuits blanches devant sa toile. Ainsi aujourd’hui pour continuer à peindre, il doit s’allonger 10 minutes au bout de chaque une heure et demi de peinture. Mais ce n’est pas cher payer pour espérer atteindre l’excellence, estime Karmane, qui prépare diverses expositions, dont une prévue prochainement au Parlement européen à Bruxelles. PS.

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