Ahed Tamimi : procès à huis clos

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Visiblement marquée par ses cinquante-six jours éprouvants passés derrière les barreaux, et après deux reports d’audience calculés visant à clairsemer les rangs de la mobilisation internationale en sa faveur, Ahed Tamimi a, ce mardi 13 février, de nouveau affronté courageusement les juges aux ordres du tribunal militaire israélien d’Ofer, en Cisjordanie.

L’ icône de la résistance palestinienne, qui a eu 17 ans dans les geôles infâmes de l’arbitraire, doit répondre de douze chefs d’inculpation (rien de moins !), dont celui de « violences aggravées ».

La nuée de diplomates et journalistes, venus assister à la première audience de ce qui s’annonce comme une sinistre mascarade de procès, une de plus, ont été instamment priés de quitter la salle. Le huis clos a été en effet ordonné dans « l’intérêt de l’accusée qui est mineure », selon la langue de bois officielle, ou, disons-le franchement, infligé à la désormais célèbre adolescente dont la notoriété grandissante, qui rejaillit sur son village de Nabi Saleh et, au-delà, sur l’ensemble de la Palestine martyrisée, exaspère Israël au plus haut point.

« La cour a prononcé le huis-clos pour son propre intérêt, parce qu’elle a peur que la réalité des crimes de l’occupation soit exposée ; ma cliente n’a pas demandé le huis-clos, et c’est pourtant elle qui devrait avoir le droit de décider en la matière », a protesté Me Gaby Lasky, l’avocate d’Ahed, devant des médias frappés d’indésirabilité dans le prétoire.

Le procès aurait été ajourné à la mi-journée et la prochaine audience fixée au 11 mars, Ahed Tamimi étant aussitôt renvoyée vers la cellule glaciale où elle croupit depuis le 19 décembre dernier, à l’isolement. Sa mère Nariman, ainsi que ses deux cousins Mohammed et Oussam Tamimi, subissent le même sort effroyable, et dans un raffinement de cruauté, les deux jeunes garçons endurent des sévices réguliers, selon les dires de leur mère courage, Manal Tamimi.

Dans une lettre ouverte bouleversante publiée, le 31 décembre, par le quotidien Haaretz, puis reprise par les médias palestiniens, Bassem Tamimi, le père d’Ahed, ce résistant de la première heure emprisonné à quatre reprises, écrivait sous une plume tremblante d’émotion et pleine de détermination : « Ahed, il n’y a pas un seul parent qui souhaite voir sa fille passer sa vie dans une cellule de prison. Malgré cela, Ahed, il n’y a pas aujourd’hui dans le monde entier un homme aussi fier de sa fille que moi. Toi et ceux de ta génération, vous avez suffisamment de courage, enfin, pour vaincre. Tes actes et ton courage remplissent mon cœur de crainte, remplissent mes yeux de larmes; mais, conformément à ta demande, il ne s’agit pas là de larmes de tristesse ou de regret, mais de larmes de combat. »

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