Ahmed Rahou, le quart de la clientèle du CIH est actuellement sur internet

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Publié par LNT.ma

 

CFG Bank, axée sur la proximité des clients et l’information immédiate par le biais du web, rejoint le modèle de transformation de CIH Bank. Sur cette base, l’on est en droit de se demander s’il ne s’agit là d’une évolution de la banque universelle. Rappelons que cette dernière regroupe tous les métiers, elle est d’abord commerciale, mais intègre nombre de métiers para-bancaires comme l‘intermédiation en bourse, la gestion collective de l’épargne, la banque d’affaires, la banque privée, le crédit immobilier, le crédit à la consommation, le crédit bail, la salle des marchés. Ahmed Rahhou, Président de CIH Bank, a bien voulu partager avec nous sa vision de la banque de demain…

 

Q- CIH Bank est rejointe dans son ouverture sur le Web par CFG Bank, pour une meilleure proximité avec le client. Y voyez-vous une tendance du secteur bancaire ou est ce que cela reste un choix ?

R- Ahmed Rahhou :

 

Les pratiques bancaires sont en train de changer avec l’apparition d’acteurs nouveaux et de nouvelles pratiques. Il s’agit de véritables transformations qui sont en train de s’opérer dans le monde. Au Maroc aussi, les banques s’impliquent de plus en plus dans des domaines qu’elles ne couvraient pas jusqu’alors, comme le paiement des vignettes automobile via le réseau bancaire.

Et à l’intérieur des banques, il y a des activités qui deviennent concurrencées par de nouveaux acteurs. Tout particulièrement, jusqu’à présent et à travers le monde, les banques avaient globalement le monopole du moyen de paiement. Les paiements se faisaient essentiellement par des instruments bancaires, chèques, cartes de crédit, virements, par le biais d’un compte bancaire. Une des identités d’une entreprise, c’est son RIB, lequel se doit de figurer sur tous ses papiers commerciaux.

Sur ce principe même, d’importantes modifications importantes s’opérèrent. Les nouvelles technologies apportent à ce métier des moyens de paiements et des pratiques nouvelles : Accéder à ses comptes, faire soi-même les virements et transferts des paiements de factures. On gère ainsi directement son propre compte sans interface avec la banque à qui on s’adressait pour faire toutes ces opérations.

Ces changements commencent à être encouragés par les banques comme CIH Bank qui vont franchement dans ce sens. Pour les mastodontes classiques, les banques à réseaux très lourds, ce virage est plus difficile à prendre, c’est ce qui les fait réagir avec un peu de retard à une réalité qui s’imposera de plus en plus.

Q- Est-ce là le concept de banque directe ?

C’est ce qu’on appelle la banque directe, mais ce n’est là qu’un de ses métiers. De vrais changements internes à la banque s’opèrent pour adopter ce mode de relation avec ses clients. Le quart de la clientèle du CIH est actuellement sur internet, et sur ce quart, la moitié devient des utilisateurs réguliers. Pas moins de 400 000 connexions mensuelles sont enregistrées sur notre site, et le mobile prend le pas sur l’ordinateur. De milliers ou dizaines de milliers aujourd’hui, on va vers des centaines de milliers de connexions mensuelles.

Donc, tous les jours, des milliers d’opérations bancaires se réalisent chez nous via le net. C’est cumulatif car celui qui a utilisé une fois et qui apprend, va continuer à le faire. Il faut juste franchir le pas du premier usage et l’habitude est prise à condition que l’accès soit agréable pour le client, ce qui est notre préoccupation première.

Donc, pour revenir à votre question, les banques directes ont choisi ce mode opérationnel exclusivement. Le CIH n’est pas dans le modèle de la banque direct séparée de la banque classique. Nous croyons en un modèle qui est sur ses deux pieds parce que grâce au réseau, on peut assurer encore des opérations physiques et couvrir le besoin de conseils bancaires en dehors des opérations ou transactions. Nos agences vont changer de nature, d’une dominante opérationnelle, elles deviennent progressivement des agences conseils.

Q- Pour revenir aux moyens de paiements bancaires, vous disiez qu’ils sont de plus en plus concurrencés, pouvez-vous expliquer à nos lecteurs comment et par qui ?

Aujourd’hui, il y a d’autres moyens de payer avec l’apparition de PayPal, l’arrivée d’Apple sur le marché. N’importe qui peut ouvrir un compte sur iTunes, donner le numéro d’une carte de crédit et engendrer ainsi des règlements en se faisant débiter automatiquement pour des achats sur nombre de sites web tels Amazon ou encore Alibaba.

Ces mêmes sites pourraient d’ailleurs, demain, proposer plutôt l’achat de jetons ou tout autre représentation d’une monnaie d’échange qui leur serait propre. De même, ils pourraient exiger que l’on dépose de l’argent chez eux pour le re-dépenser en achetant leurs produits.

La preuve que le Maroc évolue dans ce sens, réside dans la nouvelle loi bancaire qui autorise des sociétés dites de paiements. Celles-ci ont le droit de recevoir de l’argent des gens et de leur donner une carte pré-payée ou un droit qui leur permet de régler avec cet argent par ailleurs.

Certains acteurs comme Western Union, Moneygram, qui sont dans les transferts internationaux, peuvent aussi donner des cartes de paiements. Les grands magasins dans la grande distribution proposent également à leurs clients des cartes de paiements internes reliées à leurs cartes bancaires, qui leur permettent d’avoir des remises conséquentes sur leurs produits.

Donc, le monopole des banques de détenir des dépôts et de procurer à ses clients des moyens de paiements saute et de nouveaux acteurs apparaissent. Tous ces nouveaux acteurs du monde de la technologie et du commerce sur le web vont avoir leurs propres moyens de paiements.

Q- C’est donc une concurrence réelle, effective, directe et urgente. Comment en évaluez vous son impact ?

En effet, la concurrence arrive sur les moyens de paiements et la gestion des dépôts. Les interconnexions se créeront de plus en plus et cette grande révolution est en train de s’opérer. Elle passera dans les banques et à l’extérieur des banques dans les dix prochaines années. Nous pensons qu’il vaut mieux s’y mettre vite pour être capable d’y faire face. C’est ce que vers quoi le CIH s’est déjà engagé tout particulièrement avec ce que nous faisons aujourd’hui avec les comptes jeunes, parce que ma conviction, c’est qu’un jeune ne va plus accepter de payer pour tout juste déposer son argent dans une banque. Les banques doivent y aller, les banques marocaines trainent un peu à le faire. Le CIH rejoint par d’autres banques récemment sont des précurseurs au Maroc et veulent être les leaders de ces changements. Sachant que c’est un processus dans le temps, mais qui va en s’accélérant ! Même si le métier classique de la banque que sont les financements restera l’apanage des banques et du système financier.

 

Entretien réalisé par Afifa Dassouli, LNT.ma

 

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