Débat sur les perspectives de l’émergence d’un écosystème marocain de la recherche biomédicale
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Un parterre de spécialistes marocains et étrangers, de décideurs et d’acteurs économiques est en conclave, vendredi et samedi à Rabat, à l’occasion d’un colloque national visant à engager une réflexion globale permettant d’envisager une réelle émergence d’un écosystème marocain de la recherche biomédicale.
Initié par les Entreprises du Médicament au Maroc (LEMM), sous le thème « La recherche biomédicale, défi de la prochaine décennie », ce premier colloque national dédie a la recherche biomédicale au Maroc constitue une occasion pour les participants de mener une réflexion en profondeur par les entreprises pharmaceutiques marocaines, filiales de multinationales, afin de faire profiter le Maroc des investissements internationaux, notamment dans la recherche biomédicale, qui sera certainement un des défis majeurs du secteur pour la prochaine décennie.
A travers ce colloque national de deux jours, qui réunit l’ensemble des acteurs du secteur de la santé et de l’industrie pharmaceutique, le Maroc pourrait parier sur une nouvelle industrie fortement prometteuse dans un secteur aussi bien matériel qu’immatériel, qui est celui de la recherche.
S’exprimant à l’ouverture du colloque, vendredi, le chef du gouvernement, Saad Eddine El Othmani a affirmé que cette rencontre abordera la manière d’assoir une bonne gouvernance de la recherche, d’assurer la protection des personnes à travers une assise juridique qu’il faudra parfaire et d’œuvrer à une mise à niveau du système de recherche biomédicale et d’innovation, grâce au transfert technologique et au développement professionnel continu.
« Si la capacité d’innover est un objectif auquel aspire le chercheur, elle doit être le résultat d’une vision claire de l’évolution de notre système de santé », a souligné M. El Othmani, notant qu’elle doit tenir compte des profondes mutations qui ont eu lieu en raison des transitions démographiques et épidémiologiques, qui ont abouti à une prévalence moindre des maladies transmissibles au profit des maladies non transmissibles, évoluant souvent selon le mode chronique et engloutissant aujourd’hui près de 75% des coûts.
Il a, dans ce sens, indiqué que l’industrie pharmaceutique au Maroc a fait preuve de dynamisme et d’efficacité, notant qu’il est temps qu’elle se ressaisisse en accédant à une meilleure visibilité régionale, voire même internationale.
Dans ce cadre, il a plaidé pour l’amélioration de l’assise juridique de la recherche biomédicale avec ses lois et ses décrets d’application, tout en veillant à une gouvernance efficiente où doit s’exprimer une volonté de simplification des procédures, depuis l’appel à projet jusqu’à la publication finale des résultats de la recherche.
Pour sa part, le ministre de l’Éducation nationale, de la Formation professionnelle, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Saïd Amzazi a soulevé le problème du budget alloué par les entreprises marocaines à la recherche et au développement, lequel volet est souvent très faible, voire inexistant, à l’exception de quelques mastodontes de l’industrie marocaine, insistant sur la nécessité d’investir dans la recherche et le développement pour améliorer la compétitivité des entreprises.
Amzazi a précisé, à ce propos, que les industries pharmaceutiques et les standards internationaux fixent le taux d’investissement en la recherche et développement entre 15 et 20 % du chiffre d’affaires.
Il a également appelé à s’intéresser de plus près à la valorisation des plantes et substances naturelles, véritable richesse du Maroc où foisonne les espèces endémiques, soulignant que la recherche nationale est particulièrement performante et prolifique en matière de chimie d’extraction et d’isolement des molécules naturelles, et dispose de toutes les ressources qui pourraient l’ériger en exportateur de ces substances naturelles.
Amzazi a, en outre, souligné que la recherche biomédicale se définit comme étant une recherche organisée et pratiquée sur l’être humain en vue de développer les connaissances biologiques et médicales, ce qui impose de mettre en place un encadrement juridique visant à protéger les patients qui se prêtent au essais cliniques.
De son côté, le Président de LEMM, Amine Benabderrazik a indiqué que l’ambition de son association est de hisser le Maroc au top trois de la recherche clinique africaine dans les cinq ans à venir, ajoutant que ce colloque national constitue une première étape pour le lancement de cette stratégie.
Benabderrazik a mis l’accent sur la recherche clinique qui a une valeur structurante sur les moyens et long termes, notant qu’elle est à la fois un mode privilégié d’accès à l’innovation thérapeutique pour le patient, une source de formation continue pour les professionnels de la santé ainsi qu’un accélérateur économique du secteur pharmaceutique.
« Aujourd’hui les avancées en recherche et développement dans le secteur pharmaceutique mondial sont conséquentes et se chiffrent à plus de 140 milliards de dollars dans le monde », a-t-il noté, émettant le souhait de voir le Maroc capter une part de ces investissements pour qu’il puisse se positionner dans un domaine qui semble si conséquent en termes d’investissement et de progrès technologique.
Dans ce cadre, il a rappelé que le Plan d’accélération Industrielle 2014-2020, dans lequel la recherche biomédicale focalisé sur les essais cliniques a été identifiée comme écosystème. Plusieurs études réalisées dans le cadre de ce programme ont permis de mesurer un potentiel de développement au Maroc de près de 1 MMDH par an en moyenne, sur les cinq ans à venir, a-t-il poursuivi.
Ce colloque réunit d’éminents chercheurs dans le domaine biomédical au Maroc et dans le monde, des représentants du gouvernement marocain, des acteurs du secteur de la santé, de l’industrie pharmaceutique, des chercheurs et des universitaires marocains et étrangers, ainsi que l’ensemble des parties prenantes académique, associative, économique et diplomatique.
Les travaux scientifiques du colloque seront marqués par l’organisation de trois panels, portant notamment sur la « Protection et sécurité optimale du patient marocain », « Les externalités positives d’une industrie de la recherche Biomédicale » et « Le cadre de gouvernance adapté pour le Maroc ».
Ce colloque sera également marqué par une série d’interventions des acteurs et des professionnels de l’industrie pharmaceutique ayant pour thèmes « La recherche biomédicale dans les politiques des gouvernements », « La recherche biomédicale dans les pays émergents et les pays en développement », « Leviers de performance et facteurs de succès d’une industrie marocaine de recherche biomédicale », « Évolution éthique de la recherche biomédicale au Maroc », « La recherche biomédicale-Benchmark et retour sur expérience » et « Quel plan d’action opérationnel pour la prochaine décennie? ».
LEMM est une association professionnelle créée en 2005 et qui se compose de sociétés marocaines et de filiales de groupes pharmaceutiques internationaux qui œuvrent dans la recherche et le développement.