France: élection législative partielle sous tension à Mayotte
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Les Mahorais se rendaient aux urnes dimanche, dans une faible affluence, pour une élection législative partielle dans un contexte de forte crise sociale qui paralyse l’archipel français de l’océan Indien depuis près d’un mois.
Dans un des bureaux de vote de Kaweni, proche de Mamoudzou, la plus grande ville de Mayotte, 110 des 681 inscrits avaient voté à midi. Gréviste, Toilianti Soihili, 26 ans, est venue car « on a le droit de vote, c’est un acte important ».
« Comme l’élection a été maintenue, on n’a pas le choix, il faut voter », dit une autre électrice. « Mais vu le contexte, on n’a pas trop le sentiment de faire quelque chose pour l’avenir… On n’attend rien de particulier ».
Le département français est agité depuis près d’un mois par un mouvement de contestation populaire contre l’insécurité et l’immigration clandestine. La population a mis en place des barrages dans l’île principale, Grande-Terre.
En raison des barrages sur les routes, difficile de savoir si les 176 bureaux de la 1ere circonscription ont tous ouvert.
Des incidents ont émaillé le scrutin, notamment à Mtsamboro (nord-ouest) où, dans deux bureaux de vote, deux individus ont brièvement subtilisé les urnes sans toutefois les violer, selon les autorités.
A Acoua (nord-ouest), les neuf bureaux de vote avaient été bloqués à l’ouverture, parfois fermés avec de la glu, selon la mairie, qui a dépêché les services municipaux pour les dégager.
A Longoni (nord), un journaliste a indiqué sur Twitter qu’il était « impossible d’atteindre le village ».
La plupart des élus et les organisateurs du mouvement avaient demandé le report du scrutin mais le représentant de l’État à Mayotte leur a opposé une fin de non-recevoir, assurant que l’État prendrait « toutes les dispositions pour assurer le bon déroulement du scrutin ».
Outre les difficultés pour accéder aux bureaux de vote, les élus avaient fait valoir que les conditions de sécurité n’étaient pas garanties et souligné les difficultés de campagne des candidats.
Un porte-parole du mouvement social, Salim Nahouda, avait appelé la population à boycotter le scrutin.
Ahamada Haribou, directeur général adjoint des services à la mairie de Mamoudzou, prévoyait une participation très faible, soulignant que « beaucoup d’électeurs votent à Mamoudzou mais habitent hors de Mamoudzou ».
Les électeurs sont appelés à élire leur député parmi huit candidats après l’annulation de l’élection en juin de Ramlati Ali, première femme mahoraise députée, le Conseil constitutionnel ayant considéré que, eu égard au « faible écart de voix » entre eux, « la sincérité du scrutin (avait) été altérée ».