France: enquête après des tweets racistes sur une métisse choisie pour incarner Jeanne d’Arc
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Une enquête préliminaire pour « provocation publique à la discrimination et la haine raciale » a été ouverte en France à propos de deux tweets comparant à un singe une jeune métisse désignée pour incarner Jeanne d’Arc aux prochaines festivités annuelles célébrant l’héroïne nationale française.
Agée de 17 ans, Mathilde Edey Gamassou – qui a des origines béninoises par son père et polonaises par sa mère – a été choisie parmi environ 250 candidates pour être la cinquantième incarnation de Jeanne d’Arc lors des fêtes johanniques célébrant chaque année au printemps la victoire en avril 1429 de la jeune fille sur les Anglais qui assiégeaient Orléans, dans le centre de la France.
L’annonce lundi dernier de ce choix a déclenché sur les réseaux sociaux un déferlement de commentaires injurieux des tenants de la droite identitaire française.
Deux tweets ont attiré l’attention du procureur d’Orléans qui a dit à l’AFP avoir saisi la police, confirmant ainsi une information de la radio France Bleu. L’objectif est d' »identifier les auteurs de ces tweets qui relèvent clairement de l’application de la loi pénale », a dit le magistrat. L’auteur du premier compare la jeune fille à un babouin, et le second, répondant au premier, montre une photo de bananes, a-t-il précisé.
Les faits sont passibles d’une peine de cinq ans de prison, a indiqué le procureur.
La secrétaire d’État française chargée de l’Égalité entre femmes et hommes, Marlène Schiappa, a apporté jeudi « tout (son) soutien » à la lycéenne, affirmant que « Jeanne d’Arc n’appartient pas aux identitaires » et « l’histoire de France non plus ».
« La haine raciste de la fachosphère n’a pas sa place dans la République française », a tweeté la secrétaire d’État.
La 589e édition de la célébration de la levée du siège d’Orléans pendant la Guerre de 100 ans se déroulera du 28 avril au 8 mai. Elle sera marquée comme toujours par la chevauchée dans la ville de la jeune fille choisie pour jouer le rôle de la libératrice de la ville, en armure et étendard au poing.
Sur des sites internet d’extrême droite, ce choix est dénoncé notamment comme « une propagande pro-métissage, début d’une tentative de transformer l’histoire en un récit où ce seront les Arabes et les Noirs qui ont fait l’histoire de France depuis les débuts ».