France: transports toujours perturbés avant de nouvelles manifestations
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Les transports publics étaient très perturbés mardi, notamment en région parisienne, au sixième jour de grève contre la réforme des retraites et avant une nouvelle épreuve de force dans la rue pour tenter de faire plier le gouvernement.
Principaux concernés par la grève des transports depuis jeudi, les Franciliens doivent prendre leur mal en patience: neuf lignes de métro restaient closes à Paris tandis qu’un RER A sur deux et un RER B sur trois circulaient, selon la RATP. Un quart des bus était en circulation le matin, au lieu de la moitié prévue la veille par la régie autonome, en raison de plusieurs dépôts bloqués par des manifestants. Ces blocages ont été levés par les forces de l’ordre peu avant 9H00, selon la préfecture de police.
Et la situation ne devrait pas s’arranger puisque la poursuite de la grève a été votée au moins jusqu’à mercredi, parfois jusqu’à vendredi. « La semaine est morte », a résumé Thierry Babec, de l’Unsa RATP, premier syndicat de la régie.
A la SNCF, on comptait 20% des TGV et des Transilien. Ce sera « difficile jusqu’à la fin de la semaine », a prédit le directeur général de SNCF Transilien, Alain Krakovitch.
Dans les airs, la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) a demandé aux compagnies de réduire leur programme. Air France a en conséquence annulé 25% des vols intérieurs et 10% des moyens courriers. EasyJet a annoncé la suppression de 92 vols.
Sur les routes d’Île-de-France, les bouchons se sont accumulés tôt le matin avant de revenir quasiment à la normale vers 8H30.
Ailleurs en France, c’est plutôt dans les gares que la situation était inhabituelle, comme à Bordeaux où les quais de la gare saint-Jean étaient déserts, a constaté un journaliste de l’AFP. « J’ai pris un bus de ville pour venir au travail au lieu du train, comme depuis plusieurs jours, ça me fait 30 minutes de trajet en plus. Je me lève plus tôt, ce n’est pas la mer à boire », explique Marie-Cécile Durand, employée de bureau.
A la gare Saint-Charles à Marseille, où les quais sont tout aussi déserts, Slim, gérant d’un kiosque, soutient le mouvement malgré le manque à gagner. « Tout autour de moi, les gens bossent et ne s’en sortent pas », dit-il, « alors si c’est dur aussi, après, avec la retraite, c’est pas possible ».
Sept des huit raffineries françaises étaient bloquées, selon la CGT, qui indique aussi que des grèves ont été enclenchées cette nuit sur des sites de production d’électricité, avec des baisses de charge. A Marseille, des dockers en grève bloquent deux portes d’accès au Grand port maritime, a indiqué à l’AFP une source portuaire.
Pour cette nouvelle journée d’action interprofessionnelle, l’accueil des enfants dans les écoles et les crèches était également perturbé, avec un taux de grévistes de 12,5% attendu dans les écoles en moyenne, 35% à Paris, selon le ministre de l’Education, Jean-Michel Blanquer.
Mais c’est dans la rue que les syndicats CGT, FO, FSU, Solidaires et plusieurs organisations de jeunesse espèrent faire une nouvelle démonstration de force, après une journée de mobilisation le 5 décembre qui a réuni 806.000 manifestants dans toute la France selon le ministère de l’Intérieur (1,5 million selon la CGT).
« Je sais que la mobilisation va être forte, elle sera même plus forte que les 800.000 de la semaine dernière », a prédit lundi le secrétaire général de FO, Yves Veyrier.
L’enjeu pour les opposants: amener le gouvernement à renoncer à mettre en place un « système universel » par points censé remplacer les 42 régimes existants et être « plus juste ». Eux redoutent une « précarisation » des pensionnés.
Pour Frédéric Sève de la CFDT, seul syndicat favorable à un régime universel, « l’essentiel va se jouer mercredi » avec les annonces d’Edouard Philippe, auxquelles « tout le monde est suspendu ». Le Premier ministre s’exprimera à la mi-journée puis au 20 heures de TF1.
Il est particulièrement attendu sur certains sujets comme les périodes de transition pour les régimes spéciaux, une éventuelle revalorisation des carrières de la fonction publique, notamment des enseignants, ou encore la question de la pénibilité. Les Echos, sans citer de source, évoquent même mardi un décalage de la réforme à la génération née en 1973, voire en 1975.
Une dernière réunion « de calage » est prévue mardi soir à l’Elysée avec des ministres et cadres de la majorité. « Il va falloir faire plus que certains compromis, il va falloir faire certaines concessions », a estimé la députée LREM Olivia Grégoire.
Entre-temps, une intersyndicale est prévue à l’issue de la manifestation parisienne, qui doit rallier à partir de 13h30 Invalides à Denfert-Rochereau, et une nouvelle journée de mobilisation jeudi est « déjà en réflexion », selon la CGT et FO.
« Les retraites, c’est le ciment de tous les mécontentements », a résumé le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, disant attendre du Premier ministre qu’il donne « les réponses qui permettent d’arrêter ce mouvement ».