Joe Biden, ou le triomphe de la patience

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Après cinq jours de spéculation, de retournement de situations et, surtout, de patience, le candidat démocrate à la présidence des Etats-Unis, Joe Biden peut enfin crier victoire.

Scellée, ironie du sort, par son Etat natal de Pennsylvanie, cette victoire, Biden la convoite depuis des décennies. Après deux tentatives infructueuses en 1988, puis vingt ans plus tard, en 2008, Biden saisit enfin le Graal de la politique américaine, les précieuses clés de 1600, Pennsylvanie Avenue.

Parti favori de la primaire démocrate, au cours de laquelle il a dû surmonter le challenge d’une vingtaine de candidats représentant tous les courants de la gauche américaine, Biden n’a jamais douté de sa victoire finale. Malgré des défaites précoces face à Sanders lors des premiers Etats de la primaire, l’ancien vice-président de Barack Obama s’est accroché à la conviction que sa popularité auprès des Afro-américains finirait par payer.

Une fois investi de la candidature du parti démocrate, Biden a déployé une stratégie inédite face à l’omniprésent Donald Trump.

En pleine pandémie de coronavirus, Biden s’est littéralement terré dans son domicile au Delaware, faisant fi des exclamations des commentateurs politiques qui l’exhortaient de battre le pavé pour rallier les Américains à sa cause.

L’histoire donnera finalement raison aux stratèges de la campagne Biden, qui ont laissé Trump monopoliser le temps de parole sur les écrans des Américains. Les sorties controversés du candidat républicain sur tous les sujets, en particulier sa gestion de la pandémie, qui a coûté la vie à plus de 237.000 Américains, a fini par mobiliser l’électorat démocrate derrière le « bon vieux Joe ».

Contrairement à Trump, un pur outsider de Washington, Biden est l’un des hommes politiques les plus expérimentés des Etats-Unis. Elu au Sénat pour la première fois en 1972, l’ancien vice-président de Barack Obama a entamé sa troisième candidature à la Maison Blanche comme le candidat rassembleur, capable de mettre fin à la discorde engendrée, selon lui, par la rhétorique belliqueuse de Trump.

Pendant la crise de coronavirus, Biden a cherché à afficher une attitude de Commandant en chef, formulant des recommandations fondées sur les conseils d’experts en soins de santé et en économie. Ces suggestions incluent de rendre les tests de coronavirus largement accessibles et gratuits. Le candidat démocrate a également vivement critiqué la réponse du président Trump à la crise sanitaire, l’accusant de réagir trop lentement et de ne pas avoir pris les mesures nécessaires pour protéger les Américains.

Au cours de son mandat de vice-président de l’administration Obama, il a été l’un des architectes de la Loi sur les soins abordables (Obamacare), les soins de santé restant l’une de ses priorités absolues. C’est une question qu’il aborde souvent dans le contexte des tragédies personnelles de sa vie: il a perdu sa première femme et une petite fille dans un accident de voiture en 1972, et en 2015, son fils Beau Biden est décédé d’un cancer du cerveau.

Biden, qui a siégé au Sénat pendant des décennies, croit fermement en la valeur du bipartisme et insiste pour tendre la main aux républicains. Des valeurs qu’il aura bientôt l’occasion de mettre à l’épreuve, car, malgré sa victoire, les démocrates n’ont pas réussi à briser la majorité des républicains au Sénat. Biden, qui aura 78 ans plus tard ce mois-ci, sera le président le plus âgé à prêter serment lors de son arrivée à la Maison Blanche en janvier prochain. Ayant collecté plus de voix que n’importe quel candidat de l’histoire des présidentielles américaines, la victoire de Biden est surtout celle d’une vertu: la patience.

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