Juriste d’entreprise, un métier d’avenir

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Face à la complexité croissante de la réglementation, la fonction de juriste d’entreprise est devenue, en quelques années, incontournable.

Au Maroc, elle a encore du mal à s’imposer. Les profils sont rares et les recruteurs préfèrent chercher du côté des avocats qui ne sont pas généralement d’excellents juristes d’affaires. Coté salaires, cela varie de 4 000 à 30 000 dhs et plus, selon les structures et l’expérience.

Les patrons d’entreprises ont  l’habitude de se faire accompagner d’équipe d’ingénieurs ou de responsables marketing et communication. Mais rarement de juriste. Une erreur. Les premiers ont pour mission de convaincre et de séduire les partenaires avec des présentations commerciales brillantes. Les questions juridiques sont reléguées à plus tard. Il faut quelques déboires avec les justices ou les partenaires, pour que les patrons changent de stratégie.  Mais aujourd’hui les choses ont changé. Désormais, ce sont des juristes qui sont associés aux négociations lorsque les aaffaires arrivent à la phase de conclusion. L’omission d’une clause, la méconnaissance d’une nouvelle disposition légale ou réglementaire,… peuvent coûter cher, très cher à l’entreprise.

Une rôle stratégique

Face à la complexité croissante des lois et des règlements, la fonction de juriste d’entreprise est devenue incontournable, en tout cas pour certaines entreprises. Traditionnellement limité à la défense des intérêts de sa société et à la production d’actes juridiques, son rôle s’est véritablement étoffé depuis. «Si le juriste d’entreprise a pour mission première d’assurer la sécurité juridique de l’entreprise, on peut également attendre de lui qu’il apporte des solutions juridiques innovantes, dans les questions de concurrence par exemple. Son rôle devient alors stratégique. Vu l’arsenal juridique auquel est confrontée l’entreprise (code pénal des affaires, code du travail, code du commerce, charte des investissements…), son rôle n’est plus à démontrer», explique Me Najib Amrani, avocat d’affaires au barreau de Rabat. En somme, on est passé de la sécurité juridique à l’ingénierie juridique.

Nécessaire spécialisation

Du fait du développement des problèmes de droit plus spécifiques, le juriste d’entreprise doit parfois être un spécialiste et se tenir en permanence informé de l’évolution des lois. Mais il doit en même temps être compétent dans l’ensemble des spécialités qui requièrent son intervention : droit des sociétés, du travail, fiscalité, contrats, contentieux, assurance, immobilier… Son activité peut s’étendre à des domaines très divers comme les affaires internationales, la protection de la propriété industrielle et intellectuelle, le marketing et la consommation, les produits financiers, l’informatique et les technologies de l’information, l’environnement. Faut-il préciser que nos juristes ne sont pas encore arrivés à ce niveau de spécialisation ?

Dans le milieu bancaire et celui des assurances, le juriste est plus généralement chargé du contentieux (règlement des conflits juridiques). Dans les fédérations, les syndicats, les associations ou la fonction publique, le juriste a davantage un rôle de conseil en direction des clients ou des adhérents.

Il a du mal à s’imposer dans les PME

Dans les PME, la fonction existe rarement, pour des raisons essentiellement financières. A défaut d’avoir une compétence interne, les PME se contentent de solliciter un spécialiste pour une action ponctuelle. «Les PME paient aujourd’hui des millions en primes d’assurances mais ne se protègent pas assez en matière juridique. Le juriste peut leur apporter des solutions pour mieux baliser leurs contrats», souligne M. Najib Amrani.

La fonction a donc du mal à s’imposer. Et, là où elle existe, les promotions restent difficiles pour le titulaire en raison de la spécificité de ses tâches. La fonction est rarement classée dans le haut de l’organigramme. Très souvent, elle est érigée en département ou division, rarement en direction. Généralement, le responsable juridique ne dispose que d’un ou de deux collaborateurs.

Il peut évoluer vers d’autres fonctions

Possibilités d’évolution : le passage dans une société de plus grande taille ou un changement de spécialité. En effet, certains juristes d’entreprise se tournent vers des directions RH ou des fonctions administratives. Pourtant, beaucoup disposent d’un solide bagage intellectuel, outre des connaissances pointues dans certains domaines, et peuvent prétendre à de grosses responsabilités. On notera ainsi que pour exercer cette profession, une formation supérieure en droit (DEA ou DESS) est de mise. «L’idéal pour un juriste est de faire un troisième cycle avec une spécialisation dans les assurances, une filière très payante actuellement. Le métier est passionnant, prometteur et présente des perspectives d’évolution», note Me Taha Meskouri, avocat au barreau de Rabat.

Hormis les facultés de droit, les écoles privées comme IMADE proposent des cursus spécialisés en droit des affaires, droit des assurances, droit de la concurrence, protection des consommateurs et de la propriété intellectuelles et industrielle,…

Dans le secteur bancaire, la formation juridique est souvent complétée par un autre diplôme. Une expérience est nécessaire pour le juriste d’affaires ou le juriste contentieux. Elle peut être acquise soit au sein de la banque avec un avancement obtenu par promotion interne, soit au sein d’une autre structure.

Le juriste d’entreprise doit parler couramment l’anglais, voire une deuxième langue étrangère : l’ouverture du marché européen et la mondialisation des affaires l’amènent en effet à être en contact avec de nombreux interlocuteurs étrangers.

Une grande capacité d’analyse et de synthèse, de la rigueur, un talent de négociateur, le sens du contact et du dialogue sont des qualités personnelles indispensables pour exercer ce métier.

Quant au salaire, «il dépend principalement du positionnement du juriste dans l’organigramme», explique Me Najib Amrani. Il varie selon la taille ou le secteur d’activité de l’entreprise, et selon l’expérience personnelle et la spécialisation. Un junior perçoit à peine 8 000 dhs et ne dépasse guère les 12 000 dhs après quelques années d’expérience. Le salaire d’un directeur juridique peut dépasser les 30 000 DH dans une structure importante.

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