La co-fondatrice des Femen Oksana Shachko s’est suicidée à Paris
3 min read
Les Femen sont en deuil. Oksana Chatchko, co-fondatrice et ex-membre du groupe féministe « Femen », s’est suicidée dans son appartement à Paris à l’âge de 31 ans, a annoncé mardi Inna Chevtchenko, leader de l’organisation en France.
« Oksana a été retrouvée hier à Paris dans son appartement. Elle s’est suicidée », a-t-elle précisé par téléphone à l’AFP. Dans la matinée, Anna Goutsol, autre co-fondatrice du mouvement, a également confirmé son décès sur sa page Facebook restant évasive sur les causes de sa mort: « La plus courageuse (…) Oksana Chatchko nous a quittés. Avec ses proches et sa famille, nous sommes en deuil et nous attendons la version officielle de la police. Pour le moment, ce que nous savons, c’est que (…) le corps d’Oksana a été retrouvé dans son appartement à Paris. Selon ses amis, elle a laissé une lettre de suicide. »
Qui était Oksana Schashko, l’intrépide co-fondatrice des Femen ?
En avril 2008, la belle Oksana avait eu l’idée des Femen dans les bars enfumés de Kiev avec ses deux amies Anna Hutsol et Sacha Shevchenko. Trois clichés vivants de l’Ukraine en crise identitaire au milieu des années 2000 : pères alcooliques ou démissionnaires, mères courageuses mais dépassées. Elles ont 17 ans et ne savent que faire de leurs énergies et de leurs révoltes. Hésitant un temps entre la retraite religieuse et l’activisme, Oksana penche finalement vers l’action.
Jeunes et enflammées, les trois nymphes ont l’intuition d’un mouvement inédit pour déringardiser le féminisme. C’est le sextremisme. Slogans écrits sur la poitrine, couronne de fleurs dans les cheveux… Oksana peint des banderoles contre Poutine, contre la corruption ou contre l’Église, crée des costumes et des masques pour une intervention surprise à Kiev. Leur vision du groupe est artistique et leurs combats se terminent souvent dans les geôles policières. L’intrépide militante est arrêtée une centaine de fois avec ses consoeurs, passe des semaines en prison, interrogée par les services secrets ukrainiens, qui vont jusqu’à simuler son exécution dans les bois.
Le mal du pays
Chassée de son pays en 2013, Oksana trouve refuge en France. Un arrachement qu’elle vit mal. Eloignée de sa mère et de sa famille, l’artiste peintre déprime. Ne se reconnaissant plus dans le mouvement, elle quitte les Femen en 2013. Trop de désaccords avec Inna Shevchenko, celle qui a repris l’organisation d’une main de fer en 2012, depuis Paris. «Je resterai toujours une Femen mais ce mouvement est mort car la société l’a tué. Au bout de 6 ans, les mouvements de rébellion finissent par s’essouffler » nous précisait en 2016 Oksana qui peint la Vierge Marie en burqa.
« Oksana Shachko est une des héroïnes de notre temps. Oksana s’est battue contre l’injustice, s’est battue pour l’égalité, s’est battue pour elle-même et pour toutes les femmes. Nous étions ensemble à la Place de l’Indépendance (Ukraine), menaçant de faire taire les voix russes, après l’humiliation du KGB, nous étions dans les rues de Paris, formant ensemble un nouveau bataillon féministes. Oksana est restée dans n’importe quelle situation une vraie combattante. Elle n’est plus avec nous, mais elle est là, elle est partout. Oksana, elle est en chacun de nous, elle est FEMEN, elle est dans l’histoire du féminisme » peut-on lire aujourd’hui sur le site des Femen..