Ecoles privées, la grande arnaque !
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Par Belghiti Mustapha
Les écoles privées ont démarré sous le protectorat. Elles étaient financées par le mouvement nationaliste et leur but était d’empêcher que les jeunes marocains ne soient pas totalement absorbés dans la culture du colonisateur. Les études étaient pratiquement gratuites.
A l’indépendance, et face à l’engouement des populations pour les études de leurs enfants , quelques particuliers créèrent des écoles privées orientées plus à offrir une seconde chance aux élèves recalés des écoles publiques que pour une rentabilité pécuniaire.
Ce n’est que dans les années soixante-dix que certains , ayant anticipé la chute de niveau dans le public par la diminution du français et la chute de la qualité des enseignants ( initiés ? ) ont compris l’intérêt de créer des écoles primaires gardant le français comme langue principale. Ces écoles connurent un certain succès qui restait toutefois limité puisque l’école publique continuait malgré tout à fournir un niveau correct.
Et ce n’est qu’avec l’arabisation du premier cycle et surtout celle du second cycle que le développement et la multiplication des écoles privées s’est accélérée.
Il est à remarquer que beaucoup parmi les anciens hauts responsables du ministère de l’Éducation nationale pendant qu’ils arabisaient le public sans vergogne, se sont empressés d’investir dans la création de grands groupes scolaires.
La dégradation de l’école publique ne connaissant pas de frein a entraîné une véritable psychose auprès d’une partie de la population consciente de l’importance des études pour sa progéniture. D’où un afflux vers les écoles privées qui leur font miroiter une garantie de qualité et surtout de résultats.
Qu’en est-il, dans la réalité ?
Tout d’abord, on peut classer schématiquement les écoles privées en trois catégories :
Les écoles de la «High», telles que l’école américaine, la belge, Al Jabr, etc . Ce sont des écoles qui, non seulement essoufflent les poches des familles, essoufflent les enfants par un rythme effréné.
Les écoles de « qualité » mais qui restent dans le système scolaire national. Ce sont les plus nombreuses et ce ne sont en réalité que des entreprises rentières. Je m’explique. La demande étant très forte, ils commencent par exiger que votre enfant ait dans sa précédente école une moyenne élevée en plus de lui faire subir un test. Malgré son admission, on vous explique, noir sur blanc que si la moyenne de votre enfant venait à chuter au-dessous de 13, il risque l’exclusion de cette école. Aussi, pour éviter cela et à chaque fois que la famille constate une faiblesse du niveau de son enfant dans telle ou telle matière, elle s’empresse de lui trouver un enseignant pour lui donner des cours de soutien. Quand ce n’est pas son propre professeur de l’école qui lui propose ses services contre des pièces sonnantes et trébuchantes, bien entendu. Ainsi, beaucoup de parents se retrouvent en train de payer en heures de soutien autant, sinon plus que ce qu’elles paient déjà pour l’école. Et le plus fort, c’est que ces institutions de rente se gargarisent chaque fin d’année d’avoir d’excellents résultats au baccalauréat.
J’allais oublier qu’une fois votre enfant inscrit dans une école, vous en devenez otage puisqu’ils se permettent toutes les libertés. Entre les augmentations de tarifs presqu’automatiques chaque année, des sorties «pédagogiques» payées, les fournitures et les livres vendus au prix fort par l’école, etc. Tout est prétexte à essorer votre portefeuille !
Reste une troisième catégorie sans grande prétention et qui remplissent presque le même rôle que les écoles de rattrapage que les écoles privées n’auraient jamais dû dépasser ! Elles sont le plus souvent implantées dans les quartiers populaires et dans les petites villes.