Le Drian au Liban : « Le pays doit éviter le suicide collectif »
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Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a brandi vendredi depuis le Liban la menace de sanctions contre les responsables de l’impasse politique, afin de prévenir un « suicide collectif » pour le pays en plein effondrement.
Les dirigeants libanais ne manquent jamais une occasion de se prononcer en faveur de réformes, notamment après l’explosion meurtrière et dévastatrice du 4 août au port de Beyrouth. Mais neuf mois plus tard, absorbés par des marchandages interminables, ils n’arrivent toujours pas à doter le pays d’un nouveau gouvernement.
« Il est en effet urgent de sortir de l’impasse politique dans laquelle le pays se trouve », a déclaré M. Le Drian à des journalistes, avant de quitter Beyrouth au terme d’une visite de deux jours.
« A ce jour, je constate que les acteurs politiques n’ont pas encore assumé leurs responsabilités et ne se sont pas encore mis à travailler sérieusement au redressement rapide du pays », a fustigé le ministre français.
« Je suis là précisément pour éviter cet espèce de suicide collectif organisé par certains », a-t-il ajouté.
Le Liban connaît une dépréciation historique de sa monnaie. Plus de la moitié de ses habitants vivent aujourd’hui sous le seuil de pauvreté, selon l’ONU.
M. Le Drian a rencontré jeudi le président Michel Aoun, le chef du Parlement Nabih Berri et le Premier ministre désigné Saad Hariri.
« S’ils n’agissent pas dès aujourd’hui dans un sursaut responsable, ils devront assumer les conséquences de cet échec », a-t-il averti.
Paris a récemment adopté des restrictions d’accès au territoire français à l’encontre de personnalités libanaises jugées responsables du blocage, sans dévoiler leur identité.
« Si le blocage persiste, ces mesures pourront être durcies ou étendues », a averti M. Le Drian.
« Elles pourront aussi être complétées par les instruments de pression dont dispose l’UE ».
Jeudi, le ministre français s’est aussi entretenu avec des partis d’opposition. Une rencontre considérée par des opposants comme une main tendue par la communauté internationale, à la recherche d’alternatives politiques au Liban.
Le pays avait connu à l’autonome 2019 un mouvement de contestation inédit, des centaines de milliers de manifestants battant le pavé pendant plusieurs semaines pour dénoncer une classe politique inchangée depuis des décennies, accusée de corruption et d’incompétence.
Des formations politiques proches du mouvement oeuvrent à unifier leurs rangs, en vue des parlementaires au printemps 2022.
Certains craignent que l’establishment politique ne tente de retarder le scrutin, qui pourrait offrir à l’opposition une percée au Parlement.
« Le respect du calendrier démocratique au Liban est incontournable et toute tentative de report » ne serait pas acceptée par la communauté internationale, a souligné M. Le Drian.