Les autorités veulent détruire la maison de la famille Bouteflika à Oujda

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Le maire de la ville d’Oujda au Maroc a informé le Consul général d’Algérie à Rabat de la décision de ses services de démolir la maison familiale du Président Abdelaziz Bouteflika à cause de la situation de ruine où elle se trouve.

La maison où est né et a grandi le Président algérien Abdelaziz Bouteflika dans la ville d’Oujda au Maroc pourrait bien être détruite sous peu. C’est ce qu’a rapporté, ce 26 septembre, le journal marocain Al Masae en évoquant une demande d’autorisation de détruire la maison adressée par Omar Hejira, le président du Conseil communal de la ville d’Oujda, au Consul général d’Algérie à Rabat.

« La demeure du chef de l’État algérien pourrait s’effondrer d’un jour à l’autre et constitue une menace pour les voisins et les passants dans l’ancienne ville », écrit le journal. « Dans ce cas, la loi marocaine oblige les autorités locales à saisir le propriétaire de la maison et à l’informer de la situation de son domicile », a-t-il ajouté en précisant que « c’est la raison pour laquelle Omar Hejira a saisi le Consul algérien ».

Évoquant le but du message du maire de la ville, le quotidien a fait savoir qu’il s’agit «de parvenir à un accord entre la prise en charge des réparations par la famille Bouteflika ou la destruction prise en charge par le Conseil communal».

Concernant la procédure de démolition, Al Masae a rapporté que généralement « ce sont les autorités locales qui s’en occupent mais pour éviter tout amalgame, le président du Conseil a préféré saisir le consul algérien. »Avec son imposante façade couleur saumon, son pied de mur rehaussé de pierres de taille, ses fenêtres et ses portes en fer forgé, elle ne passe pas inaperçue. Située à l’angle de la rue Nedroma, dans le quartier dit des Algériens, cette villa de 350 m2 avec patio, petit jardin et figuier a été restaurée il y a quelques années par le consulat d’Algérie à Oujda après avoir été longtemps laissée à l’abandon.

Les riverains en connaissent les propriétaires, mais ne les ont jamais vus y entrer ou en sortir. « C’est la maison de la famille Bouteflika, confirme le marchand d’oeufs qui habite en face. De temps à autre, un homme vient relever le courrier et repart. Mais le président algérien n’est plus revenu ici depuis son élection. » Aucune plaque, donc, ni de nom sur la boîte aux lettres. Comme si la famille du chef de l’État algérien, très malade aujourd’hui  âgé de 81 ans, tenait à garder l’anonymat.

Retour sur l’enfance d’un ennemi du Maroc

Le président algérien a vu le jour et a fait sa scolarité à Oujda, avant de rejoindre les rangs du FLN.

A la capitale de l’Oriental, distante d’à peine 5 km de la frontière avec l’Algérie, il ne reste, hormis cette maison familiale retapée à grands frais, que peu de traces des Bouteflika et de ses proches. À croire qu’on n’a pas voulu ou pu perpétuer le souvenir de sa présence, ni de celle de sa famille ou de ses nombreux compagnons de la guerre d’Algérie – que l’on continue d’appeler le clan d’Oujda. La plupart de ses anciens camarades de classe ou de jeu ne sont plus de ce monde. Quant à ceux qui sont encore en vie, beaucoup ont la mémoire qui flanche ou refusent poliment de s’épancher sur le sujet.

Omission ou volonté de gommer ses origines marocaines, la biographie officielle du président algérien ne fait aucune référence à son lieu de naissance. Ni même ne mentionne le nom de cette ville. Certains biographes ont même réécrit l’histoire pour le faire naître à Tlemcen. Et s’il lui arrive encore d’évoquer, comme il le fait souvent en présence de ses convives étrangers, son enfance et sa jeunesse à Oujda, il s’est toujours gardé d’aborder publiquement cette période de sa vie.

C’est au 6 rue Nedroma, le 2 mars 1937, qu’est né Abdelaziz Bouteflika, fruit du mariage en secondes noces d’Ahmed Bouteflika avec Mansouria Ghezlaoui. Originaire de Tlemcen – des milliers d’Algériens de Nedroma, Chlef, Maghnia, Mascara ou Msirda s’étaient installés dans l’Oriental marocain à partir de 1850, après la défaite de l’émir Abdelkader contre les Français -, son père était mandataire au marché d’Oujda.

« Il donnait aussi un coup de main à Hadj Boussif, président de l’Amicale des Algériens de la ville, qui gérait un hammam, se souvient Ahmed Belal, 70 ans, ancien maquisard. Il était en quelque sorte son trésorier. » Si le hammam Boussif, situé à deux pas de la rue Nedroma, est toujours en activité, personne ne se souvient du passage du père de Bouteflika qui décédera une année après la naissance de Saïd, dernier de la fratrie et aujourd’hui influent conseiller du président.

De l’autre côté de la vieille médina, existe un autre bain maure, le hammam Jerda. Selon une légende tenace, la mère du président, décédée à Alger en juillet 2009 à l’âge de 93 ans, tenait la caisse dans l’aile réservée aux femmes. Mais là encore, ni les registres de cet établissement fondé en 1907 ni les clients qui le fréquentent ne gardent trace de sa présence dans ces lieux.

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