Les nouvelles armes « invincibles » de Poutine : faut-il s’inquiéter?

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A « portée illimitée », « hypersoniques » ou laser, les nouvelles armes russes présentées par Vladimir Poutine font craindre une nouvelle course aux armements avec Washington. Quelle est la réalité de la menace et quel intérêt pour le président russe ?
Les nouveaux équipements présentés par M. Poutine à grand renfort d’images de synthèse et d’explosions incluent notamment un missile de croisière à propulsion nucléaire à « portée illimitée » et se déplaçant en suivant un chemin imprévisible.
Il a également montré le « Sarmat », un missile balistique intercontinental de 200 tonnes pouvant être équipé de charges nucléaires, qui remplacera les stocks russes existants.
Parmi les autres équipements présentés figurent un véhicule submersible plus rapide qu’un sous-marin, deux types de missiles « hypersoniques » et une mystérieuse arme laser.
Vladimir Poutine a intimé lors de son discours les Occidentaux à « écouter » la puissance militaire retrouvée de la Russie, tout en assurant qu’il « ne menace personne ».
Des experts militaires russes expliquent de leur côté que ces armes ne sont pas véritablement nouvelles, tandis que certains observateurs estiment qu’elles ne sont même pas encore totalement au point.
« Nous savions déjà pour le +Sarmat+ et nous savons également que ce missile connaît de grandes difficultés », a expliqué à l’AFP l’analyste militaire russe Alexandre Golts.
Dans une interview à la chaîne américaine NBC, M. Poutine a d’ailleurs reconnu que les armes présentées étaient encore à divers stages de développement, tout en affirmant que certaines étaient prêtes à être utilisées.
Quant aux Américains, ils se sont dits déjà « pleinement préparés » à contrer les armements présentés jeudi.
Le discours aux accents militaristes de Vladimir Poutine intervient deux semaines avant l’élection présidentielle du 18 mars en Russie, à l’issue de laquelle il est certain de remporter un quatrième mandat de six ans faute d’opposition réelle.
M. Poutine a fait référence dans son discours à l’humiliation subie par la Russie dans les années suivant la désintégration de l’URSS en 1991, lorsque « personne n’écoutait » Moscou.
Le président jouit d’une popularité considérable en Russie et apparaît aux yeux de beaucoup comme celui qui a restauré le rang de Moscou dans le monde.
Selon le principal opposant au Kremlin, Alexeï Navalny, le domaine militaire est le seul sujet sur lequel M. Poutine « peut mentir avec impunité ». S’il avait vanté par exemple les succès de l’enseignement ou du système de santé russes, les électeurs auraient été capables de percevoir les mensonges par eux-mêmes, affirme-t-il.
Vladimir Poutine a présenté les efforts russes dans le domaine des armements comme une « réponse » à l’activité militaire américaine dans le monde et à ses frontières, notamment avec le développement d’un système de défense antimissile en Europe de l’est et en Corée du Sud.
Bien que le Kremlin réfute vouloir lancer une nouvelle « course aux armements », M. Poutine a assuré à NBC que cette course avait déjà commencé lorsque Washington s’était retiré du traité ABM de limitation des armes stratégiques sous Georges W. Bush.
« Aux Etats-Unis, après un tel discours, toute l’élite politique va voter pour une augmentation des dépenses militaires », indique à l’AFP l’expert Alexeï Makarkine, estimant que M. Poutine avait lancé un « défi » à Washington.
Le discours de Vladimir Poutine a dégradé encore davantage les relations russo-américaines, déjà plombées par les désaccords persistants sur l’Ukraine et la Syrie et par l’ingérence présumée de Moscou dans l’élection présidentielle américaine en 2016.
Washington a réagi en accusant Moscou de « violation directe » des traités internationaux signés par la Russie.
Si les annonces de M. Poutine pourraient favoriser la position de la Russie dans le bras de fer international à court terme, ce plan pourrait se retourner contre Moscou, estime M. Golts.
« La course aux armements pendant la Guerre froide a mal fini pour l’URSS. Elle a ruiné l’économie soviétique et la Russie ne dispose pas des mêmes ressources que l’Union soviétique. Il y a toutes les raisons de croire que cela finira mal pour Moscou », affirme-t-il.

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