Les partenaires sociaux instaure un cadre de médiation pour résoudre les conflits
4 min read
Les partenaires sociaux (gouvernement/syndicats/patronats) ont unanimement souligné, mardi à Casablanca, le rôle central de la médiation dans la création d’un climat sain employeur-salarié et la résolution des conflits collectifs, préjudiciables à la productivité et à la compétitivité des entreprises nationales.
Au cours de la cérémonie de signature d’un protocole d’accord pour la création d’un Fonds de médiation sociale, il était clair que les porte-voix de ce trident sont parfaitement conscients de l’impératif de s’entendre pour préserver à la fois les droits des salariés et ceux des patrons, en érigeant la médiation comme l’un des mécanismes focaux pour le règlement des litiges professionnels qui, en dépit d’une certaine baisse, caracolent toujours à des seuils inquiétants pour tous.
Le protocole d’accord a été signé entre la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) et les syndicats les plus représentatifs, à savoir l’Union marocaine du travail (UMT), l’Union générale des travailleurs au Maroc (UGTM), l’Union nationale du travail au Maroc et la Confédération démocratique du travail (CGEM), en traduction de « la volonté des parties d’atteindre les objectifs du cadre conventionnel sur la médiation sociale signé en 2012 ».
Invité de marque de cette cérémonie, le ministre du Travail et de l’insertion professionnelle, Mohamed Yatim, a considéré que le recours à la médiation reste en lui-même « un acte civilisé » et « un mode de partenariat privilégiant l’approche préventive », qualifiant « d’intéressante » et de « mutuellement bénéfique » la création dudit Fonds.
Le ministre a mis en avant la vitalité d’une action concertée et du renforcement de la formation dans le domaine de la médiation, qui ne manquera pas d’encourager des rapports professionnels solides et empreints de respect au sein des entreprises.
« Le recours à la médiation est un acte positif qui reflète l’évolution de la pensée sociale et des liens existant entre les partenaires sociaux », a dit le ministre.
La présidente de la CGEM, Miriem Chaqroun Bensaleh, a estimé que le Fonds pour la médiation sociale aidera à « mettre en place un climat social sain et bénéficiaire pour tous », du fait que « la vocation de l’entreprise est de créer de la valeur ajoutée et les salariés sont en droit de réclamer un travail digne et décent ».
Elle a plaidé pour un « cadre normatif qui viendrait accompagner ce fonds de médiation sociale et qui consacrerait deux principes fondamentaux, à savoir le droit au travail et la liberté syndicale », invitant les syndicats et le gouvernement à une réflexion commune sur « une réglementation du droit de grève, conformément à l’esprit de la Constitution de juillet 2011, qui tienne compte des droits du travailleur et du droit au travail ».
Mme Bensaleh a expliqué que les conflits collectifs ont bénéficié « d’une attention particulière » de la part de la législation du travail marocaine, à travers les mécanismes de réconciliation et d’arbitrage, qui « seuls ne suffisent pas et sont souvent source de lourdeur », attirant l’attention qu’une moyenne annuelle de 250 conflits de ce type ont été enregistrés au cours de la dernière décennie.
Le secrétaire général de l’UGTM, Naama Mayara, a fait remarquer que l’annonce de ce Fonds est l’aboutissement d’un travail de cinq ans, dans le souci de réduire les conflits à l’intérieur des unités de production, appelant à consolider davantage les liens de confiance entre les entreprises et les syndicats pour stopper « l’hémorragie des licenciements ».
Quant à son collègue de l’UNMT, Mohamed Hallouti, il a fait part de la détermination « d’œuvrer dans un esprit de coopération et de partenariat, dans le cadre de la médiation et des solutions possibles », relevant que le souci des syndicats «tend, à la fois, à renforcer l’entreprise et à garantir une vie digne au salarié ».
En présence du leader historique de la CDT Noubir Amaoui, le 2ème secrétaire général adjoint de la centrale, Allal Belarbi, s’est félicité de cette initiative, qui ouvre de « larges perspectives pour le dialogue et la négociation dans le règlement des conflits, à partir d’une vision stratégique ».
« C’est une initiative louable qui institue une approche préventive pour traiter les conflits collectifs avec leur accentuation, tout en jetant des passerelles de coopération entre les syndicats et la CGEM », a-t-il insisté.
Aux yeux du membre du secrétariat national de l’UMT, Ahmed Bahahaniss, il s’agit de « construire un partenariat historique entre les partenaires sociaux pour consolider la compétitivité de l’économie nationale et la protection des droits des travailleurs ».
Ce partenariat « exige d’améliorer les rapports professionnels, dans la perspective de conclure des conventions collectives inaugurant une nouvelle ère pour ces relations, à même d’augmenter le rythme de croissance économique », a-t-il fait savoir.
Le Fonds pour la médiation sociale, soutenu par la Conféderation of Danish Industry (CDI, Danemark)) à hauteur de 20 mille euros, va servir à financer les opérations de médiation sociale convenues par les parties et à améliorer les capacités des médiateurs reconnus, à travers la formation
Les signataires envisagent la mise en place de nouveaux mécanismes susceptibles de développer la médiation sociale, ainsi que d’un comité de pilotage chargé de diriger les affaires du Fonds.
La CGEM a été chargée d’abriter le siège du Fonds, d’entamer les procédures administratives nécessaires à sa création et d’inviter les représentants des parties signataires à assister à la première réunion du comité de pilotage.