Macron souhaite une reprise du sport pour les mineurs en clubs en décembre
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Emmanuel Macron a souhaité mardi, lors d’une réunion avec des responsables du monde sportif, que les activités sportives pour les jeunes en clubs puissent reprendre en décembre après avoir été suspendues par la crise du Covid-19, a affirmé l’Elysée.
Cette reprise, qui dépend de l’évolution de l’épidémie, sera liée à la mise en oeuvre de protocoles renforcés, en particulier pour les sports en salle, a précisé la présidence de la République, à l’issue de cette visioconférence en présence de plusieurs ministres.
Face à un monde du sport français qui se sent délaissé, Macron réclame un plan d’urgence pour ne pas sombrer dans les prochains mois.
Le confinement du printemps avait figé la France, stades compris au grand dam du football français; le deuxième laisse les professionnels fouler les pelouses et les parquets mais sans spectateurs, et donc sans recettes, laissant présager des mois difficiles.
Depuis une dizaine de jours, Tony Parker, quadruple champion NBA et président du club de basket de l’Asvel, monte au créneau, prévenant que sans aide, le basket allait mourir.
Répondant sans doute à ces inquiétudes multiples, l’exécutif reçoit mardi des représentants du sport amateur et professionnel, des exploitants de salles de sport, et de champions comme Sarah Ourahmoune (boxe), Gwladys Epangue (taekwondo) et Tony Parker.
La réunion a débuté mardi matin à l’Elysée avec, aux côtés du président de la République, le Premier ministre Jean Castex, Jean-Michel Blanquer (Education), Roxana Maracineanu (Sports), Bruno Le Maire (Economie) notamment sur place, et leurs hôtes en visioconférence.
Au menu: « effets de la crise sanitaire sur le sport », « travailler à de nouvelles mesures de soutien au secteur » et « veiller à la place que la pratique physique et sportive doit occuper dans notre société ».
A la veille de cette rencontre, les ligues de basket, handball, volley et hockey sur glace, prenaient encore la plume pour crier au secours. En effet, tous les sports dont l’économie repose plus sur la billetterie que les droits télé, sont très inquiets.
C’est aussi le cas du rugby. Le président de la Fédération française (FFR), Bernard Laporte, a chiffré mardi sur France Inter les pertes pour sa fédération à 34 millions d’euros.
Entre fermeture des salles de sport, huis clos imposé qui laisse les caisses vides, et la baisse des adhésions dans les clubs amateurs, le sport français est à la peine. Il a reçu 120 millions d’euros lors du plan de relance en septembre. Mais désormais, tout le secteur réclame un plan d’urgence.
Depuis la rentrée, le ministère des Sports travaille à une mesure pour compenser les pertes de billetterie. Quelque 107 millions d’euros sont « sanctuarisés » mais le déblocage de cette somme est suspendue à sa compatibilité avec les règles européennes.
Une question de jours, assure-t-on chez Roxana Maracineanu, qui pousse aussi en faveur d’exonérations de cotisations spécifiques au sport.
Au total (chômage partiel, fonds de solidarité, etc), le sport a reçu depuis le début de la crise 4 milliards d’euros d’aides, a calculé le ministère, qui se défend d’être resté les bras ballants.
Plusieurs acteurs évoquent une perte cumulée d’un milliard d’euros pour tout le secteur.
« On a souvent tendance a minimiser les impacts sociaux », a aussi fait valoir sur France Info le président du comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, Tony Estanguet, évoquant « la santé, l’éducation et le lien social ». Du côté du sport amateur, l’inquiétude reste grande.
Le 26 octobre, le Comité national olympique et sportif français (CNSOF) et 95 fédérations sportives avaient déploré, dans une lettre ouverte à Emmanuel Macron, ne pas compter parmi les « priorités » et dénoncé « une stigmatisation aussi violente qu’infondée ».
Les derniers chiffres remontés au CNOSF, sur 44.000 clubs sondés et sur ses quelque 160.000 associés (sur 300.000 clubs en France), montrent une baisse des adhésions de l’ordre de 20%.
Toute une partie du sport, animé par des bénévoles, « passe sous les radars de Bercy », glisse au passage Denis Masseglia, président du CNSOF.
« S’ils s’en vont et s’ils habituent à avoir d’autres occupations alors là le monde sportif va mourir! Le monde sportif ne vit que grâce aux bénévoles, c’est ça le sport! », a lancé Bernard Laporte mardi.
« On ne crie peut-être pas assez fort. On ne portera pas un gilet jaune et on ne descendra pas dans la rue avec des pancartes », avait lancé récemment M. Masseglia devant des sénateurs.
Avant de prévenir toutefois: « Par contre, dans tous les clubs, il y a beaucoup de citoyens qui ont envie que leur rôle soit reconnu. A partir du moment où il n’est pas reconnu, on fait d’eux des gens qui sont un petit peu en révolte contre le système ».