Maroc: audience houleuse lors du procès du journaliste Bouachrine
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Le procès du patron AKhbar Alyaoum, Taoufik Bouachrine, jugé pour des violences sexuelles qu’il nie, a repris cette semaine dans une ambiance houleuse, marquée par des accrochages entre la partie civile et l’accusé.
Lundi soir, une nouvelle audience à huis clos consacrée aux plaidoiries s’est accompagnée de vives tensions, un avocat de la partie civile, Me Abdelfattah Zahrach, accusant M. Bouachrine de l’avoir « agressé ». Une version rejetée par des avocats de la défense qui ont affirmé mardi à l’AFP que leur client avait été « harcelé » par la partie civile. Bouachrine avait dans un premier temps « décidé de ne pas se présenter devant le juge pour protester contre les humiliations dont il est victime » en audience, a précisé à l’AFP son épouse Asmae. Mais ses avocats l’ont convaincu de se présenter.
« Les plaidoiries de la partie civile se déroulent dans le respect de l’accusé et vont se terminer vendredi avec la présentation de demandes d’indemnisation », a pour sa part dit à l’AFP Me Abdelfattah Zahrach de la partie civile. L’accusation repose notamment sur trois témoignages à charge et sur 50 vidéos saisies dans le bureau du journaliste au moment de son arrestation.
Les questions soulevées par ces images qui, selon les avocats des plaignantes, montrent « des pratiques abjectes » mais qui, selon la défense, seraient des « montages », ont poussé le parquet et les parties civiles à demander une expertise technique. L’analyse du laboratoire scientifique de la gendarmerie royale a confirmé l’authenticité des images mais selon la défense, « l’expertise ne dit jamais qu’il s’agit bien de Taoufik Bouachrine ».
Mi-septembre, la justice avait rejeté une nouvelle demande de mise en liberté provisoire du patron de presse. Depuis l’ouverture du procès le 8 mars, le nombre de « parties civiles » a été revu à la baisse: quatre femmes à l’origine listées comme victimes par le parquet ont démenti avoir subi quoi que ce soit et une cinquième a parlé de « relations consenties ». Cinq autres femmes maintiennent leurs accusations. A raison de deux audiences par semaine, le procès devrait se conclure dans les prochaines semaines.
Arrêté le 23 février et incarcéré depuis, le directeur du quotidien indépendant Akhbar al-Yaoum est jugé à huis clos depuis plusieurs mois pour « traite d’êtres humains », « abus de pouvoir à des fins sexuelles », « viol et tentative de viol » par la chambre criminelle de la Cour d’appel de Casablanca.