Mohamed Dary, le chercheur marocain en biotechnologie qui veut révolutionner l’agriculture marocaine
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Comment rendre la terre plus fertile et la récolte plus goûteuse sans recourir aux pesticides. C’est le pari et surtout la passion de Mohamed Dary, professeur à la faculté de Pharmacie et biologie de Séville (Sud de l’Espagne). Grâce aux recherches menées au sein de son laboratoire, le professeur marocain a pu développer des procédés capables de booster le rendement des terres agricoles, tout en préservant l’environnement.
« C’est une technologie de fermentation de biochimie pour avoir des produits fertilisants écologiques avec zéro résidu. Nos produits ne portent aucun préjudice aux cultures. Grâce à ces organismes, les plants gagnent non seulement en volume mais aussi en qualité. La saveur, la texture et les goûts des produits agricoles sont nettement bien meilleurs quand ils sont traités avec ces microorganismes », explique Mohamed Dary dans une déclaration à la MAP.
Originaire de Taroudant, Mohamed Dary a atterrit en 1994 à Séville, après une licence en biologie obtenu à la Faculté des Sciences de Meknès. Grâce à une bourse de l’Agence espagnole de la coopération espagnole, il entame son long périple dans le monde de la recherche en biotechnologie. Mais le jeune chercheur d’alors devait d’abord surmonter un parcours semé d’obstacles.
« La première fois que j’ai déposé mon visa, mon dossier a été rejeté. J’ai pris le soin de mieux préparer ma seconde demande. Grâce aux sacrifices de ma mère, qui a financé mon projet, j’ai pu décrocher ce visa. Après un an à la Faculté de Séville, j’ai pu obtenir une bourse de l’Agence espagnole de la coopération internationale », confie-t-il non sans fierté.
Le choix de la ville de Séville est dicté par la souplesse des démarches administratives de son établissement universitaire pour y obtenir une pré-inscription, pièce essentielle à l’heure du dépôt du visa. Aussitôt arrivé dans la capitale andalouse, le jeune chercheur a été pris sous l’aile d’un professeur espagnol qui lui a transmis la passion pour les microrganismes.
Ses recherches le conduisent à la création, en 2009, de Rasbio Agro, une société dédiée à ce champ pointu. Avec l’aide de 7 collègues, il s’attèle à transférer la technologie née dans les laboratoires vers le marché et proposer des solutions à chaque problème auquel fait face l’agriculteur.
Conscient des bénéfices que pourraient apporter cette technologie à la filière agricole marocaine, Dary souhaite transférer son savoir-faire vers son pays d’origine.
« Mon objectif est de dépoussiérer les études tapies dans les tiroirs et apporter mon expertise afin d’adapter ces produits aux spécificités du terrain marocain », souhaite-t-il.
Dary envisage aussi de produire directement cette technologie au Royaume et la proposer aux petits agriculteurs afin de les aider à développer leur culture et ravigoter leur production.
Plus concrètement, le chercheur marocain présente par exemple le problème des nématodes auquel font face les producteurs de tomate dans la région d’Agadir. « Ces parasites peuvent détruire la totalité de la surface cultivée. Ce qui représente une grande perte car l’agriculteur risque de voir s’envoler tout investissement. Grâce à notre recherche, nous pouvons contrôler et minimiser cet impact », détaille-t-il.
Au fil des campagnes agricoles, ajoute-t-il, l’on peut éradiquer progressivement ce parasite et sauver une partie de la production, jusqu’à arriver au résultat optimal qu’est la sauvegarde de la totalité de la production », souligne le professeur Dary.
Celui-ci n’hésite pas à louer l’exemple du Brésil, un pays qui applique cette technique pour fertiliser ses 24 millions de hectares dédiés à la culture de soja.
« Nous avons mené des expériences pour favoriser l’apport de l’azote vers la plante. A ce titre, nous avons lancé un essai dans la région de Roumani, avec la collaboration de la Faculté des Sciences de Tanger et celle de Rabat pour assurer le suivi. L’objectif de cette expérience est de réduire la fertilisation azotée, enrichir le sol en azote, et rendre de la sorte la production de pois chiches, très développée dans cette région, plus abondante tout en étant savoureuse », conclut-il avec passion.