Mohamed Sanoussi, un pionnier aguerri

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Saoudi El Amalki – Al Bayane

On ne présente plus Mohamed Sanoussi, un plasticien au style singulier qui tire son essence du fond du vécu traditionnel, bien ancré dans les tripes. Originaire de la cité des alizés, contrée du pur art pictural par excellence, il forge ardemment son cachet durant des décennies, dans les dédales en sinuosités de l’art plastique, au pied de la citadelle altière, pieds dans l’eau et aux remparts incarnant son passé prestigieux. Sans nul doute, il imprimait à son univers ce panache irrésistible qui suscite sur ses convives des sensations de délectation et de sensualité extrêmes. Il y a belle lurette, dans cette ville paisible qui inspirait, par sa baie gracieuse et son azur flamboyant, Mohamed Sanoussi se laissait emporter, non sans dextérité raisonnée, par ses airs intuitifs et ses réflexes instinctifs en vue d’enfanter sans compter des splendeurs à couper le souffle. Quand on déguste l’art de l’artiste, on a l’impression que ce n’est pas du tout un navet anodin qui s’offre à l’œil pantois, mais c’est viscéralement un exercice sérieux, mature et fécond. On ne badine jamais avec l’art de ce chevronné de l’art plastique qui a roulé sa bosse dans la maîtrise des couleurs et mouvements, à la première heure. Pendant son parcours fort éloquent, il insufflait à ses œuvres du punch et de la sève, au niveau de l’énergie focale pour mettre l’invité dans la position réactive, mais également de la subtilité et le raffinement de l’usage du style afin de le sécuriser et le réjouir. Sanoussi est tout le temps à la recherche de cette dualité, sans jamais prétendre détenir la vérité de l’un ou de l’autre, puisque la puissance et la finesse de la toile, c’est au récepteur et uniquement lui est censé en découvrir les bien-fondés en termes de beautés et non de vérités. Denis Diderot, l’encyclopédiste français des lumières disait un jour à ce propos : « Les beautés ont dans l’art le même fondement que les vérités dans la philosophie ! ». Mohamed Sanoussi puise son empreinte originale dans la pensée de la contemplation de l’art au sens large du terme, au point de se faire constamment remettre en question, tout en gardant la même verve d’incursion et le même tact d’exaltation. Mais, le socle distinctif de sa touche s’avère immuable, en dépit de ses remises en question constantes. Après le tatouage renvoyant aux cavalcades de la magnificence ancestrale qui fut un refrain enivrant de sublimité, il s’est rabattu dans le brassage de l’abstrait et le figuratif dans un enchevêtrement d’intégration fluide d’une majesté magistrale. Tous les sens sont alors rassasiés, ensorcelés, comblés mais admirablement ballotés au service de la réflexion. Sa dernière collection est tout simplement hallucinante par la magie de ce foisonnement subtil qui exerce sur l’assistance une fascination hypnotique de bout en bout, sans pour autant, inciter à la léthargie et la passivité, puisque cet ouvrage, taillé au détail près et au plus infime coup de pinceau, invite sans cesse à la réverbération d’idées, à la cogitation d’échanges et l’interpellation de desseins

 

 

 

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