Projection à Marrakech de  »Yahssra…Douk Lyam » de Serge et Marc Berdugo

4 min read

Le film-documentaire «Yahssra…Douk Lyam», réalisé par MM. Serge Berdugo et Marc Berdugo, a été projeté, mardi à Marrakech, lors d’une soirée organisée à l’occasion de la Rencontre sur le «Judaïsme marocain : pour une marocanité partagée», qui se tient du 13 au 18 novembre dans la cité ocre.

Tourné dans les années 50, le documentaire raconte une histoire deux fois millénaire, fruit d’un brassage culturel et d’un respect mutuel entre Juifs et Musulmans du Maroc, sachant que la communauté juive comptait à l’époque 220.000 âmes, représentant 2,3 pc de la population.

Produite à partir de films tournés par Aaron Zédé Schulman dans de nombreuses régions du Maroc il y a plus de soixante ans, cette oeuvre exceptionnelle retrace des séquences et multiples facettes de la vie des Juifs marocains des années 50.

Référence pour les historiens et ethnologues, ce film inédit se veut une reconnaissance et un grand hommage à Zédé Schulman, né en 1890 avant d’immigrer en 1913 au Maroc, sa terre d’accueil où il a vécu jusqu’à son décès en 1981, et qui avait confié ses bobines de films à M. Serge Berdugo en 1978.

Sur fond de musiques judéo-marocaines et de chants liturgiques, ce documentaire extraordinaire relate et traverse quelques pages d’histoire et de nombreux espaces de vie juive éclairés par le regard passionné d’un témoin attentif et d’un véritable anthropologue et explorateur, qui a sillonné le pays, muni de son caméra, pour aller à la rencontre des juifs amazighs puis des séfarades des villes.

Ce film-documentaire mène le spectateur dans un voyage authentique au cœur des années 50 et donne à voir avec grande nostalgie et beaucoup d’admiration des paysages et des scènes et tranches de vie des Juifs du Maroc, leurs chants, danses, fêtes, deuils, coutumes, costumes, pèlerinages, gastronomie, et leurs métiers au cœur de villages berbères comme dans les villes impériales.

Dans les quartiers du Mellah, Juifs et Musulmans se côtoyaient. Artisans, bijoutiers ou cordonniers à Fès, à Oufrane, à Marrakech ou encore plus au sud, la présence des Juifs au Maroc s’est toujours réalisée dans la paix, entourée de la générosité de toute la population.

Le film jette la lumière sur la vie quotidienne des Juifs marocains et restitue de façon magnifique la densité et la diversité de leurs modes de vie. Il traverse ainsi les confins du Haut Atlas, Marrakech, Fès, Meknès, Sefrou, Tétouan et Debdou entre autres, et permet de porter un regard chargé d’émotion sur la vie d’une communauté juive qui vivait côte-à-côte avec les Musulmans.

Dans un mot à cette occasion, M. Serge Berdugo, Secrétaire général du Conseil des Communauté israélites du Maroc (CCIM), a indiqué que la confection de ce film semble aisée quand le travail est terminé, mais il s’agit d’une véritable saga qui a commencé en 1978 lorsqu’Aaron Zédé Schulman lui a remis à Paris des bobines de film de 16 mm qui représentent le travail qu’il a réalisé pendant plusieurs années à travers ses différents voyages dans les villes et campagnes du Maroc.

Rappelant tout le chemin parcouru pour la réalisation de ce film avec son fils Marc Berdugo grâce notamment aux contributions du fils et du petit fils de Zédé Schulman, M. Berdugo a indiqué que 10 pc des bobines ont été seulement utilisés alors que le reste est à la disposition de celui qui pourra en faire bon usage.

Et de poursuivre que ce film a été visionné dans les écoles belges des quartiers dits «difficiles», faisant savoir que la vision de ce documentaire par les jeunes maghrébins a changé énormément les mentalités.

Dans ce sens, il a laissé entendre qu’il va étudier avec les ministres de la culture et de l’éducation nationale la possibilité de la diffusion de ce film dans les écoles marocaines.

Et M. Berdugo de conclure en remerciant « encore au nom de tout le judaïsme marocaine M. Zédé Schulman d’avoir préservé une grande partie de notre vie ancienne et de nous permettre aujourd’hui de nous retrouver tel que nous étions il y a une cinquantaine d’années ».

Suite à la projection de ce film-documentaire, l’assistance a été conviée à se délecter avec des partitions et notes de musique tirées du répertoire judéo-arabe et interprétées avec maestria par l’Orchestre andalou d’Oujda.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.