Ramadan à New York : entre les contraintes d’une hyperville et le devoir de spiritualité
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Par Naoufal Enhari- MAP
A New York, ville hyperactive et temple mondial des restaurants et du fast-food, il est à priori difficile d’envisager le mois sacré du Ramadan dans cette mégapole gourmande dont les habitants ont pour fâcheuse habitude de manger ou boire leur « latté-macchiato » du matin en sillonnant ses bouillonnantes artères et avenues.
Mais ce n’est certainement pas sans compter sur la force de foi des centaines de milliers de musulmans qui ont élu domicile à New York, pour qui le Ramadan reste un rendez-vous sacré pour renouer avec leurs traditions et accomplir leur devoir spirituel.
En effet, la ville de New York abrite une communauté musulmane très diversifiée, à la fois immigrée et locale, d’origines ethniques, raciales et culturelles multiples. Elle représente près de 3 pc de la population de cette mégapole de plus 8,5 millions d’habitants, soit quelque 270.000 musulmans répartis sur les cinq Boroughs (arrondissements) Newyorkais.
Le Ramadan devient ainsi un lien de communion entre les membres de cette communauté dispersée un peu partout dans les grands quartiers de la Grosse Pomme. Au Queens comme à Manhattan, Brooklyn et dans le Bronx, les musulmans newyorkais accueillent le mois sacré du Ramadan avec grand enthousiasme et esprit de confraternité.
Ainsi, dans le Upper East Side à Manhattan, la mosquée du centre culturel islamique de New York connait durant ce mois béni une affluence considérable durant les heures de prière, en particulier le soir pour les prières des Tarawihs.
« Al Hamdoulillah, nous sommes bénis de pouvoir accomplir les prières du soir ici à Manhattan avec autant d’autres musulmans de toutes les races et ethnies », lance avec un sourire jovial, Mohamed, jeune musulman newyorkais d’origine pakistanaise, à sa sortie de la mosquée.
Pour lui, le Ramadan reste une « occasion très spéciale » malgré l’éloignement de la grande famille et les difficultés liées à la vie dans une grande ville comme New York, couplées aux longues heures de travail durant la journée.
Au siège de l’ONU à Manhattan, en ce troisième vendredi du Ramadan, ce sont des dizaines de musulmans de toutes nationalités et ethnies qui accomplissaient la prière du vendredi dans une atmosphère et un climat de piété irréprochables.
Diplomates, cadres et fonctionnaires des Nations-Unies, journalistes et autres employés se sont ainsi donné rendez-vous dans le « East Lounge » de l’ONU pour accomplir la prière, conduite par un Imam local de la ville.
« Le Ramadan à New York se passe dans d’excellentes conditions. On ne sent presque pas de différence que chez soi », confie Amjad, jeune diplomate arabe en poste à l’ONU depuis cinq ans.
Pour lui, ce mois béni reste propice au travail à New York, en ce sens qu’il permet d’éviter les interruptions liées aux habituelles pauses déjeuners et cafés des jours ordinaires « qui cassent le rythme du travail ».
Un peu plus loin dans le quartier d’Astoria dans le Queens, qui abrite une importante communauté arabe et musulmane, notamment marocaine, l’atmosphère ramadanesque y est très visible, en particulier dans les supermarchés et épiceries fines moyen-orientales, très fréquentées durant ce mois sacré.
Et pour cause. Avec une offre de produits alimentaires importés de différents pays arabes et musulmans mais aussi locaux, tels que les dattes, conserves, couscous, gateaux et viandes Halal, ces épiceries et supérettes deviennent un lieu d’approvisionnement incontournable pour les membres de la communauté musulmane durant le Ramadan.
« On trouve de tout ici. Comme au Maroc ! », lance Tarik, marocain installé de longue date dans le quartier d’Astoria, au Queens.
« Produits de conserves marocains, gâteaux, crêpes, Mssemen, Chebakia. Il y en a pour tous les gouts », se réjouit-il.
Selon lui, plusieurs cafés et restaurants marocains offrent aussi des menus Iftar durant ce mois sacré, au grand bonheur de la communauté marocaine et musulmane du quartier.
Même son de cloche chez Lina, jeune étudiante marocaine installée depuis quelques années à New York.
Pour cette résidente du Queens, les cafés et restaurants marocains et moyen-orientaux du quartier restent très prisés durant le Ramadan, « notamment pour les gens qui travaillent ou passent leurs journées en classe et n’ont pas le temps de préparer leur propre Ftour à la maison ».
« Il est clair qu’au Maroc et dans les autres pays musulmans l’atmosphère du Ramadan reste meilleure, surtout en famille, mais ici en Amérique l’avantage est que l’on reste plus productif côté travail et études », conclut-elle.