Stratégie nationale de la logistique : le diagnostic de l’OCDE

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Prédominance de l’informel, accès difficile au financement, fiscalité pas toujours équitable…, le tableau que dresse l’OCDE ne manque pas de lacunes qu’il faudra combler. Certains aspects sont déjà à l’étude par les pouvoirs publics, mais d’autres attendent encore.
Bien des avancées ont été réalisées par le Maroc dans le secteur de la logistique. Cependant, le chemin est encore long pour atteindre les objectifs fixés dans le cadre de la stratégie nationale de développement de la compétitivité logistique. C’est du moins ce que l’on peut déduire du rapport de l’OCDE sur le secteur dont la version préliminaire a été récemment livrée aux différentes parties prenantes. Ce document, que La Vie éco a pu consulter en exclusivité, révèle en effet que la situation actuelle du secteur nécessite des ajustements de fond pour qu’il soit en ligne avec les objectifs que se fixe le Royaume, notamment en matière de développement du commerce extérieur et d’attrait des investissements étrangers.

Parmi ces ajustements, on notera avant tout une restructuration totale du secteur. Que ce soit dans le transport ou la logistique, il est relevé une prédominance de sociétés dont l’activité est principalement orientée vers le commerce interne. C’est là une conséquence logique de la prédominance du facteur «consommation interne» dans la liste des contributeurs à la croissance de l’économie nationale, ainsi qu’aux habitudes de consommation des Marocains qui préfèrent toujours l’approvisionnement auprès des commerces traditionnels de proximité. Or, l’expérience a montré que ce sont surtout les opérateurs en liaison avec l’activité internationale qui développent le plus rapidement des structures répondant aux normes internationales. Les autres sont même souvent tentés de plonger dans l’informel pour faire face aux contraintes concurrentielles. C’est ce qui explique d’ailleurs pourquoi les représentants du secteur privé, sondés par les experts de l’OCDE, ont pointé du doigt cette prédominance de l’informel dans le marché de la logistique. Pour ces acteurs, avec à leur tête la CGEM, la transparence est pourtant obligatoire dans la gestion logistique.

Les banques prudentes

C’est dire toute l’ampleur du phénomène et l’urgence d’y trouver une solution. Cependant, l’informel n’est pas la seule lacune que relève le rapport de l’OCDE. Le volet financement semble tout aussi problématique. Le secteur financier fait en effet preuve de vigilance quand il s’agit d’accompagner la mise en œuvre de la stratégie logistique, notamment dans le financement de la réalisation et l’exploitation de zones et d’installations logistiques. D’après ce qui a été rapporté lors de différents entretiens menés par les économistes de l’OCDE, les établissements financiers restent réservés face à des investissements fonciers et d’aménagement qui peuvent s’avérer fortement capitalistiques. Ils estiment que ces investissements présentent trop d’aléas, liés notamment aux durées d’amortissement trop longues des prêts ainsi qu’à la faible visibilité sur le marché de la logistique (perspectives incertaines sur le plan de la demande).
Les pouvoirs publics ont, semble-t-il, bien conscience du problème, vu qu’ils se penchent actuellement sur un schéma qui fait appel aux fonds publics pour couvrir ces besoins en investissement. A ce niveau, deux options principales peuvent être étudiées.

La première où l’Etat joue le rôle du banquier qui finance et cherche à rentabiliser son investissement ; la seconde où l’Etat accepte de supporter l’investissement sans objectif de rentabilisation. Ce dernier schéma, qui doit certainement intéresser les opérateurs, peut se concrétiser par une contribution foncière de l’Etat, qui réalisera les aménagements et les constructions avant de mettre en location les installations à très bas coûts. Cela permettrait de renforcer l’attractivité des zones logistiques mais peut s’avérer préjudiciable pour les finances publiques.

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