Transparency s’alarme de la montée de la corruption en Espagne

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L’ONG Transparency International a dénoncé jeudi l’incapacité des partis politiques à enrayer la corruption en Espagne, le pays d’Europe où la perception de la corruption a le plus augmenté ces dernières années.
« La lutte contre la corruption est en chute libre en Espagne », a déclaré Jesus Sanchez Lambas, avocat et membre du comité exécutif de Transparency International en Espagne, commentant le dernier indice de « la perception de la corruption » dans le monde, rendu public la veille à Berlin.
Selon cette enquête annuelle, l’Espagne a reculé de la 30e place en 2012 (sur 174 pays étudiés) à la 42e en 2017 (sur 180 pays), tombant de 65 à 57 points. « C’est le pays d’Europe où la perception de la corruption a le plus empiré », affirme TI-Espagne, tandis que les scandales et les procès font la Une presque tous les jours.
« Et au bout du compte, la perception de la corruption est très proche de la corruption, nous parlons toujours de la partie immergée de l’iceberg », a souligné Jesus Sanchez.
Le gouvernement et les partis politiques « ignorent les citoyens depuis longtemps. Je crois qu’il est très important qu’ils considèrent une fois pour toutes la corruption comme une affaire d’Etat, d’intérêt général », a lancé Jesus Lizcano, le président de TI-Espagne.
Il a incité les parlementaires à voter un projet de loi général sur la corruption, en cours d’examen à la chambre, qui modifiera notamment le code de procédure pénale.
Celui-ci date du XIXe siècle, a souligné Jesus Sanchez.
L’ONG insiste, comme le fait le Conseil de l’Europe, sur le renforcement de l’autonomie du parquet. Il dépend actuellement du budget du ministère de la Justice et devrait avoir son propre budget, estime TI.
La justice devrait disposer de plus de moyens, à commencer par des effectifs plus importants, selon l’ONG. Elle souligne qu’il n’y a en Espagne que 11 juges pour 100.000 habitants contre 21 en moyenne dans l’Union européenne et cinq procureurs contre une moyenne européenne de 12.
Jesus Sanchez a relevé que, loin de Madrid, les juges et les procureurs travaillent dans des conditions matérielles insuffisantes. Les locaux, les équipements et le personnel qui assiste les juges sont fournis et payés par les régions autonomes, qui « ne se caractérisent pas par leur générosité, ce qui peut mener à une pénurie de papier ou de photocopieuses ».
C’est un des facteurs qui contribuent à la lenteur de la justice en Espagne, a-t-il expliqué à l’AFP.
L’instruction peut durer cinq ans, le procès deux ans, avec trois ans pour les recours, il faut dix ans pour rendre une sentence. « Une justice rendue après dix ans n’a pas de légitimité », dit-il.

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