Ukraine: Zelensky dans la ville de Kherson reprise aux Russes
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Zelensky entourés de ses soldats dans la ville de Kherson
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s’est rendu lundi à Kherson, une ville d’importance majeure dans le Sud de l’Ukraine reprise vendredi à l’armée russe à « un prix élevé » après des semaines de combats.
Le Kremlin a de son côté continué d’affirmer que la ville ukrainienne, officiellement annexée en septembre au même titre que la région éponyme, appartenait à la Russie bien que ses troupes aient dû l’abandonner.
« Il est impossible de tuer l’Ukraine », a lancé Volodymyr Zelensky lors d’une visite surprise à Kherson, libérée il y a trois jours par l’armée ukrainienne.
« Le prix de cette guerre est élevé », a-t-il appuyé, cité par la présidence. « Nous allons pas à pas dans tous les territoires temporairement occupés de notre pays. (…) C’est un chemin long et difficile », a-t-il reconnu.
« C’est important d’être ici (…) pour que les gens sentent que ce ne sont pas que des paroles et des promesses, mais qu’on revient vraiment et qu’on brandit vraiment notre drapeau », a souligné le dirigeant ukrainien dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux.
Main sur le coeur, comme les autres responsables civils et militaires présents, il a chanté l’hymne national au moment de la montée du drapeau ukrainien devant le bâtiment de l’administration régionale dans le centre de Kherson.
Selon des photos publiées sur Telegram, le dirigeant ukrainien s’est également promené en tenue militaire dans les rues de la ville, entouré de gardes du corps lourdement armés, sans toutefois porter lui-même de casque ni de gilet pare-balle.
De nombreux habitants, certains drapés dans les couleurs ukrainiennes, étaient massés sur son passage.
« Gloire à l’Ukraine! », lui ont crié des habitants depuis le balcon d’un immeuble. « Gloire aux héros! », ont répondu conformément à la tradition le chef de l’Etat et ceux qui l’accompagnaient, selon une vidéo abondamment relayée sur les réseaux sociaux.
Les forces russes ont été contraintes de se retirer la semaine dernière de Kherson après huit mois d’occupation, laissant le champ libre aux soldats ukrainiens pour entrer vendredi dans la ville.
Interrogé sur ce déplacement du président ukrainien à Kherson, le Kremlin a de son côté continué d’affirmer que la ville appartenait à la Russie.
« Nous ne commenterons pas, vous savez bien que c’est le territoire de la Fédération de Russie », a déclaré à la presse le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.
Kherson avait été la première grande ville et le seul centre régional à tomber après l’invasion russe déclenchée fin février. Le retrait forcé des troupes de Moscou face à la pression de la contre-offensive ukrainienne a constitué un camouflet pour le président russe Vladimir Poutine qui a ordonné la mobilisation de 300.000 réservistes en septembre.
« Les mois à venir seront difficiles » pour l’Ukraine, a toutefois averti le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg lundi.
« Nous ne devons pas commettre l’erreur de sous-estimer la Russie » a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse à La Haye, estimant que « l’objectif de Poutine est de laisser l’Ukraine froide et sombre cet hiver ».
L’armée russe, en difficulté sur le terrain, a mené ces dernières semaines plusieurs vagues de frappes massives de missiles et drones kamikazes sur les infrastructures civiles ukrainiennes, notamment sur les réseaux énergétiques.
Elle a affirmé lundi avoir conquis une localité de l’Est de l’Ukraine, Pavlivka, un rare succès revendiqué par Moscou après des semaines de revers et de retraites.
Dans son allocution quotidienne, Volodymyr Zelensky a, lui, accusé dimanche soir les forces russes d’avoir commis des « atrocités » à Kherson comme dans les autres régions libérées précédemment.
Selon lui, 400 « crimes de guerre » russes ont été documentés à ce stade, sans préciser s’ils concernaient uniquement la région de Kherson.
La Russie n’a pas pour l’instant réagi à ces affirmations.
Interrogés par l’AFP, des habitants de Kherson ont raconté les mois d’occupation russe et pour certains, leurs actes de résistance pour aider la contre-offensive ukrainienne.
Volodymyr Timor, un jeune de 19 ans, dit avoir noté avec ses amis durant des mois les mouvements des soldats russes dans la ville pour informer l’armée ukrainienne.
« On signalait tout: où se trouvaient leurs équipements et leurs lieux de stockage de munitions, où ils dormaient, où ils allaient boire des coups », a expliqué à l’AFP ce jeune homme qui voulait devenir musicien avant la guerre.
Dans la région de Lougansk (Est) où se poursuivent des combats violents contre les forces russes, l’armée ukrainienne a repris le village de Makiivka, à 50 km au nord-est de la ville stratégique de Severodonetsk, contrôlée par les Russes, a affirmé lundi la présidence ukrainienne dans son bulletin quotidien.
Un étudiant zambien de 23 ans, qui purgeait une lourde peine de prison en Russie, a par ailleurs été tué le 22 septembre au combat en Ukraine, a annoncé le gouvernement zambien.